Friday, December 30, 2022

4 mois sans me tenir au courant de l'actualité

Je souffre d'anxiété depuis des décennies. Avec le temps, j'ai appris à vivre avec (méditation, sport, gestion du sommeil, psychothérapie, etc.). Cette année, toutefois, mes outils habituels n'ont pas suffi. Entre la guerre en Ukraine, la crise énergétique, la crise climatique et les nouvelles négatives habituelles, je me suis senti à un moment un peu dépassé.

Au mois d'août, durant une discussion avec un de mes collègues, j'ai réalisé l'absurdité de la situation : chaque jour, je lisais des articles anxiogènes concernant des situations que je ne pouvais en rien influencer. Un déclic a eu lieu. En présence de mon collègue, je me suis désabonné de toutes les sources d'actualité que je suivais (essentiellement via Feedly, un aggrégateur de flux RSS). Comme je ne suis abonné à aucun journal, que je ne regarde pas la télévision (et, donc, les journaux télévisés) et que je ne fréquente quasiment plus les réseaux sociaux, je me suis donc trouvé d'une minute à l'autre virtuellement coupé de l'actualité.

J'ai agi comme sur un coup de tête, mais cela faisait en réalité des années que j'y songeais. J'avais déjà lu et entendu d'innombrables fois que notre relation à ce qui se passe dans le monde n'est pas saine, que la quantité d'informations que nous consommons en permanence par rapport à ce qui se passe autant à quelques minutes de chez nous qu'à des milliers de kilomètres a une incidence négative sur notre santé mentale.

Quelques mois auparavant, en mai 2022, je m'étais même abonné à la newsletter Suisse Good (pour "faire le plein d’infos locales et positives"). Mais il ne suffit pas de lire quelques bonnes nouvelles pour compenser le torrent de mauvaises nouvelles dont on nous assène en permanence.

Je ne me rappelle pas exactement du moment où ma relation à l'actualité a changé. Je me souviens toutefois vaguement d'une discussion avec d'autres collègues, en 2011, qui m'avaient alors avoué ne pas du tout suivre l'actualité. A l'époque, cela m'avait presque choqué. J'ai toujours pensé que le fait de se tenir au courant de ce qui se passe dans le monde relève de la responsabilité citoyenne. On ne peut pas prendre de bonnes décisions, en particulier dans un pays qui pratique la démocratie directe tel que la Suisse, sans "savoir ce qui se passe".

Onze ans plus tard, je ne sais toujours pas quelle est la bonne solution. Il ne me paraît en tout cas pas nécessaire de se plonger quotidiennement, voire tout au long de chaque journée, dans l'avalanche d'informations et de détails dont les médias et réseaux sociaux nous gavent continuellement Chaque deux jours alors ? Chaque semaine ? Je ne suis pas sûr que cela ait beaucoup plus de sens.

Pour les votations suisses, il est possible de s'intéresser spécifiquement aux sujets soumis au peuple le moment venu, par exemple en suivant des débats. Pas besoin d'actualités pour cela. J'ai donc l'impression de jouer mon rôle de citoyen correctement.

Pour ce qui est des sujets qui m'intéressent de manière spécifique (musique, science, astronomie, etc.), je suis de toute manière des sources d'informations ou des forums / groupes de discussion spécialisés. Je l'ai toujours fait et continue à le faire. Même plus qu'avant, en fait.

Ensuite, les informations importantes remontent forcément jusqu'à moi, que ce soit par la famille, les amis ou les collègues. Alors, oui, cela ne marche que si toutes ces personnes n'agissent pas comme moi, j'en suis bien conscient, mais, pour l'instant, cela marche bien.

Quoi qu'il en soit, il est difficile d'établir un lien de cause à effet de manière certaine, mais j'ai l'impression que cette "cure de désintoxication" a un effet bénéfique sur moi. Il m'arrive très occasionnellement (une fois chaque 2-3 semaines peut-être) de parcourir un journal, par exemple chez mes parents ou dans un café, et cela ne provoque pas de stress particulier en moi. C'est plutôt bon signe.

Est-ce que je ressentirai à nouveau le besoin de me tenir informé beaucoup plus fréquemment de l'actualité ? Difficile de le dire. Pour le moment, je vais continuer l'expérience, probablement encore quelques mois. L'idéal serait peut-être une source d'informations moins "temps réel", avec un recul de plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Peut-être un podcast ? Si vous avez des suggestions, je suis preneur.

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