Thursday, December 31, 2015

L'esprit de Noël

"Les athées peuvent-ils célébrer Noël ?", demandait Hemant Mehta sur son blog Friendly Atheist la semaine passée.

C'est une question intéressante à double titre. D'abord, elle laisse entendre que Noël serait une fête exclusivement chrétienne ou, tout du moins, religieuse, ce qui, on le sait depuis longtemps, n'est pas le cas.

Elle m'interpelle à titre individuel également, car bien qu'agnostique/athée et malgré mon penchant pour un certain militantisme, il ne m'est jamais venu à l'idée de boycotter Noël.

Richard Dawkins lui-même, biologiste, athée militant, auteurs de nombreux livres, admet qu'il apprécie particulièrement cette fête.

Il faut donc croire que, comme conclut Dawkins, "Noël appartient à qui le veut bien" ("Christmas belongs to anyone who wants it"). C'est une conclusion que je trouve élégante et que je partage.

Il y a quelques semaines, un de mes anciens collègues envoyait à huit autres de mes anciens collègues et à moi-même un email dans lequel il mentionnait, non sans une part d'humour, "la venue du Dieu créateur dans une mangeoire", faisant évidemment référence à la conception chrétienne de Noël.

Je l'ai interrogé, dans le plus grand respect de ses croyances et de sa démarche (entendez par là : sans l'attaquer et en prenant toutes les précautions qu'il est possible de prendre dans un email), sur les raisons de ce que je considérais être du prosélytisme de sa part.

Sa réponse m'a confirmé que certains chrétiens pratiquants ressentent le besoin de défendre Noël contre une certaine corruption morale et culturelle, contre ce qu'ils perçoivent comme étant des attaques contre cette fête, en particulier, mais aussi contre la religion, en général. Je peux comprendre son point de vue, mais, bien entendu, le fait que la religion soit en perte de vitesse me réjouit, alors que j'imagine que cela doit plutôt attrister mon ancien collègue.

(Je n'ai pas voulu poursuivre cette discussion par email, ayant déjà eu par le passé l'opportunité de débattre par écrit concernant la religion. Je pense que les échanges oraux, tels que ceux menés par Anthony Magnabosco, qui s'inspire du livre A Manual for Creating Atheists, peuvent être bien plus productifs, bien moins frustrants.)

Je rejoins volontiers mon ancien collègue sur un point : toute la surconsommation liée à la fête de Noël représente bien une certaine dégénérescence de nos sociétés. Cela fait longtemps que je répète aux personnes concernées que je ne désire recevoir aucun cadeau à Noël ou pour mon anniversaire, et qu'en offrir aux enfants, dans une certaine mesure, raisonnable, suffit largement.

Que représente donc la période de Noël pour moi ?
  • Le solstice d'hiver. Le jour le plus court de l'année dans l'hémisphère nord a lieu, généralement, le 21 ou 22 décembre. Ce jour a une signification particulière pour moi, car, depuis que je suis enfant, j'ai toujours eu un intérêt marqué pour l'astronomie, mais aussi, symboliquement, parce que c'est à partir de ce moment que les jours rallongent (passage de l'obscurité à la lumière, etc.).
  • La famille. Noël est l'occasion de passer plus de temps avec nos familles et, en particulier, avec celle de mon frère, qui, habitant aux Etats-Unis, profite souvent des fêtes de fin d'année pour venir en Suisse.
  • L'introspection. Je tiens à jour un journal personnel depuis 1993 et, depuis maintenant plus de dix ans, je rédige, pour moi, un résumé de l'année écoulée, suivant différentes thématiques (instants marquants, vie de couple, famille, relations, travail, voyages, activités culturelles, santé, etc.). Cela me permet, en quelque sorte, de savoir où j'en suis dans ma vie.
  • La planification. Grand amateur de Getting Things Done (GTD), je profite également de ce moment pour faire le point sur mes buts annuels et projets. Cela peut paraître rébarbatif, mais le fait de donner une direction à l'année à venir, de réfléchir à de nouveaux projets, etc. est une activité au contraire plutôt motivante, voire ludique.
Il n'y a donc pour moi rien de religieux dans les fêtes de fin d'année ("les fêtes", car il est difficile de dissocier totalement Noël et Nouvel An, de par leur proximité temporelle). J'irai même plus loin : Noël, c'est la fête religieuse la moins religieuse qui soit ; mais je ne crois pas qu'on puisse m'accuser de légèreté dans mon approche. J'aurais pu parler des décorations de Noël, du sapin, des repas copieux, des biscuits, etc. J'aime tout cela, mais Noël signifie autre chose à mes yeux : quelque chose de plus profond, de plus important.

Tuesday, December 15, 2015

La sensibilité électromagnétique : phénomène réel ou pseudo-science ?

J'ai régulièrement l'occasion de rencontrer des gens défendant une position pseudo-scientifique ou l'autre. La plupart du temps, il s'agit d'homéopathie ou de médecine alternative, mais il m'arrive plus rarement de tomber sur quelqu'un donnant un certain crédit à l'astrologie, voire au dessein intelligent.

Il y a trois ans, je suis tombé pour la première et unique fois sur une personne prétendant être électro-hypersensible, c'est-à-dire souffrant de symptômes supposément causés par certains champs ou certaines ondes électromagnétiques, y compris de faible intensité (voir également l'article en anglais sur Wikipedia). C'était un sujet que je ne connaissais pas, mais ma position par défaut a été (peut-être un peu trop vite) celle du scepticisme, à savoir :
  • Il s'agit probablement d'un effet nocebo. Or, selon mon expérience, tout à fait anecdotique, il est très difficile d'admettre que l'on est victime d'un tel effet. Il est plus facile d'accuser une cause externe.
  • La crainte des ondes n'est pas un phénomène nouveau. Le four à micro-ondes, par exemple, traîne derrière lui une mauvaise réputation depuis des décennies. Cette crainte n'est finalement pas étonnante : en dehors du spectre visible, les ondes électromagnétiques ne sont visibles à l'oeil nu qu'indirectement. Elles ont donc un certain côté mystérieux. De plus, beaucoup de gens n'ont jamais suivi de cours de science/physique et c'est bien connu : on a tendance à craindre ce que l'on ne connaît pas.
  • Les ondes font partie des boucs émissaires modernes. Au même titre que les OGM, le gluten, les vaccins, etc. Faciles à pointer du doigt, ils permettent de ne pas mettre en question d'autres facteurs plus complexes ou subtiles.
  • Les gens aiment bien les théories du complot. Or, il y a évidemment beaucoup d'argent à se faire dans les domaines de la téléphonie mobile et des réseaux sans-fil. Les industries concernées auraient donc tout intérêt à dissimuler d'éventuels dangers causés par les ondes électromagnétiques de faible puissance.
  • Bref, en résumé, on a affaire à de la pseudo-science / mauvaise science, une fois de plus.
Je reconnais toutefois que les ondes électromagnétiques, contrairement à une solution homéopathique, par exemple, peuvent avoir des effets bien réels et donc être dangereuses :
  • Le rayonnement ultraviolet (UV) peut provoquer des coups de soleil.
  • Les rayons X peuvent causer des cancers ou des brûlures.
  • Si les micro-ondes sont surtout connues pour leur capacité à réchauffer la nourriture, on imagine aisément qu'elles peuvent, comme les UV ou les rayons X, entraîner des brûlures. Heureusement, les fours à micro-ondes permettent difficilement ce genre d'accidents.
Tout dépend donc de la puissance dont on parle et de la durée d'exposition.

Mais que disent les études et, surtout, les méta-analyses (si elles existent) ? Car, finalement, il suffirait d'un cas, un seul, d'hyper-sensibilité, bien documenté, pour régler la question une bonne fois pour toute.

Durant mes recherches, je suis rapidement tombé sur une méta-analyse connue et souvent citée, datant de 2005 : "Electromagnetic Hypersensitivity: A Systematic Review of Provocation Studies". Cette méta-analyse couvre 725 participants électro-hypersensibles et conclut :
"The symptoms described by “electromagnetic hypersensitivity” sufferers can be severe and are sometimes disabling. However, it has proved difficult to show under blind conditions that exposure to EMF can trigger these symptoms. This suggests that “electromagnetic hypersensitivity” is unrelated to the presence of EMF, although more research into this phenomenon is required."
Autrement dit, nous avons bien affaire à un effet nocebo, jusqu'à preuve du contraire.

Je suis également rapidement tombé sur le site francophone traitant de l'électro-hypersensibilité : robindestoits.org. Il s'agit d'un site un peu confus, présentant énormément d'informations et de liens, en particulier sur des études démontrant soi-disant les effets néfastes des ondes électromagnétiques de faible intensité. La forme est dérangeante : plutôt qu'un message résumé, clair, c'est un véritable "mur de texte" que le site propose à ses visiteurs.

Mais la forme n'est pas tout. J'ai tout de même retenu un élément intéressant de ce site, à l'époque, c'est la preuve scientifique de l'électro-hypersensibilité : "Electromagnetic hypersensitivity: evidence for a novel neurological syndrome". Il s'agit d'un papier scientifique de 2011, portant sur une personne prétendument électro-hypersensible. La méthode semblant sérieuse (double aveugle), j'ai fini par lire ce papier en entier. La conclusion est troublante :
"EMF hypersensitivity can occur as a bona fide environmentally inducible neurological syndrome."
Serait-on donc en présence de l'exemple unique, mais suffisant, tant recherché ?

Malheureusement, non : les conclusions de ce papier sont incorrectes. Analysés correctement, il se trouve que les résultats de cette étude ne sont pas statistiquement significatifs. Retour à la case départ et à l'hypothèse nulle : l'effet nocebo.

Malgré tout cela, en 2012, ma patience intacte, j'avais encore pris le temps d'écouter une enquête de la RTS datant de 2009 : "Ondes : vous êtes cernés !" (épisode 1 / épisode 2). Deux éléments m'avaient marqué : l'intervention d'un ingénieur de l'EPFZ (Peter Schlegel), ainsi que celle d'un professeur de l'EPFL (Juan Mosig).

Le premier semblait néanmoins peu critique, ne remettant pas en question l'interprétation de ses "clients" (certains électro-hypersensibles), pour lesquels il effectue des bilans à domicile avec des instruments de mesure.

Le second, quant à lui, mentionnait un test mené à l'EPFL sur un sujet, test montrant apparemment qu'un être humain peut détecter un champ électromagnétique, même de faible intensité. Je n'avais alors trouvé aucune publication concernant ce test, ni aucune précision concernant le protocole ou les éventuels symptômes. Lassé par ma recherche, j'en étais resté là...

En 2015, je me suis penché à nouveau sur la question, suite à la diffusion d'une série de cinq épisodes sur le sujet réalisés par l'émission Vacarme de la RTS : "Faut-il craindre les ondes électromagnétiques ?"

A nouveau, je suis assez déçu par la qualité de cette enquête. Au début de celle-ci, il est question d'une ligne à haute tension à Grône, en Valais, et du combat de certains habitants pour faire enterrer cette ligne (pas encore construite, à ma connaissance). On entend l'intervention d'une doctoresse, expliquant les dangers pour la santé d'une telle ligne. Mais, très rapidement, cette doctoresse se discrédite complètement en mentionnant qu'elle s'est spécialisée dans l'homéopathie. Ca ne vole pas haut...

Je peux néanmoins avoir de la sympathie pour ces habitants et me joindrais volontiers à leur combat. Les lignes à haute tension, c'est très moche et, lorsqu'on s'en approche, ça fait du bruit.

Plus tard, l'enquête s'intéresse à des adolescents dans une école qui s'est récemment débarrassée de tous ses réseaux wi-fi, mais les interviews sont pénibles à écouter. Ces jeunes font à peine la différence entre internet, la 3G et le wi-fi. A nouveau : rien de sérieux.

Enfin, et c'est plus intéressant, il est à nouveau question de Juan Mosig, le professeur de l'EPFL qui était déjà intervenu dans l'émission de 2009. Ce dernier rappelle ce fameux test qui a été réalisé à l'EPFL, supposé mettre en évidence l'existence d'une sensibilité aux champs électromagnétiques de faible intensité.

Cette fois-ci, j'ai voulu en avoir le coeur net et l'ai contacté pour avoir plus de précisions concernant ce test mystérieux. Je reproduis ici sa réponse sans la modifier :
"Je n'ai que des vagues souvenirs de cette expérience, qui avait été faite il y a bien longtemps dans notre laboratoire par un collègue maintenant retraité. Mais elle était tout à fait informelle (pas de double aveugle ou de contrôle scientifique significatif), elle n'était pas statistiquement significative (une seule personne, un essai pas répété) et elle n'a pas été documentée."
Je répète : "informelle", "pas de double aveugle", "pas de contrôle scientifique", "pas statistiquement significative", "pas documentée". Décidément, je ne sais pas pourquoi M. Mosig pense qu'il est nécessaire de revenir sans cesse sur ce "test" quand on l'interroge sur le sujet... Bref, retour, une fois encore, à l'hypothèse de l'effet nocebo.

En conclusion :
  • Jusqu'à aujourd'hui, personne n'a encore réussi à mettre en évidence un seul cas d'électro-hypersensibilité !
  • L'effet nocebo est toujours l'effet le plus probable.
  • Dans les cas les plus graves, n'a-t-on pas affaire à des personnes ne supportant plus l'environnement moderne (ordinateurs, villes, pollution sonore, déluge constant d'information, travails ingrats, répétitifs ou vides de sens, etc.) ? Ces personnes ne sont très probablement pas folles, mais je ne pense pas que traiter la piste de l'électro-hypersensibilité sérieusement va les aider. Au contraire : cette approche ne fait que retarder des solutions véritables à leurs problèmes.
  • Comme d'habitude avec ce genre de sujet, on rencontre beaucoup de confusion, beaucoup d'ignorance scientifique. Bref, au risque de me répéter, beaucoup de mauvaise science.
Mise à jour (14 septembre 2022). NutritionFacts.org a publié un excellent résumé des études menées sur le sujet ("EMF Sensitivity Put to the Test"). La conclusion est sans appel : à ce jour, il n'y a toujours pas la moindre preuve scientifique de l'existence de l'électro-sensibilité, malgré 46 études menées sur un total d'un millier de sujets.

Tuesday, November 10, 2015

Getting Things Done (GTD) : mon système actuel

Mon dernier article à propos de Getting Things Done (GTD) date de mars 2008. J'avais alors péniblement terminé de lire le livre du même nom deux mois plus tôt. "Péniblement", parce que j'avais trouvé ce livre un peu long et, surtout, parce que cela faisait déjà des mois que j'avais commencé à implémenter GTD de manière formelle. La motivation pour terminer ce livre n'était donc plus vraiment là.

Comme je l'expliquais dans cet article, GTD m'a tout de suite paru naturel, parce que l'idée de faire des listes n'était pas nouvelle pour moi. Je notais déjà avec soin toutes mes idées de programmes informatiques dans un petit carnet au début des années '90. En 1995, je tenais à jour une to-do list dans un document Word. C'est donc avec une certaine facilité que je me suis mis à appliquer GTD en appliquant strictement la méthode exposée dans le livre.

Comme je le promettais il y a plus de sept ans, voici donc une description de mon système GTD. Durant toutes ces années, celui-ci a eu l'occasion d'évoluer un peu. Je tiens à préciser que je décris ici essentiellement la partie personnelle de mon système, la partie professionnelle reposant sur des outils (p. ex. bug tracking) et des processus (p. ex. réunions d'équipe) plus spécifiques. Dans la pratique, je conserve une séparation stricte entre ces deux domaines (personnel et professionnel).
  • En résumé, j'utilise principalement Gmail, Google Docs et Google Calendar.
  • Je n'ai jamais utilisé d'applications dédiées à GTD, pour plusieurs raisons. D'abord, par pure paresse, parce que ce serait un projet en soi de migrer toutes mes données actuelles vers une nouvelle application. Ensuite, parce que je veux pouvoir facilement backuper mes données. Enfin, parce que, dans ce domaine, je me méfie des outils trop sophistiqués, des gadgets sexy, qui pourraient être le symptôme d'une volonté de procrastination.
  • Ma to-do list principale sur Google Docs contient mes prochaines actions (next actions) classées par contextes, les points sur lesquels je suis en attente (waiting for) et ma liste de projets (projects), avec bien entendu des liens sur les documents relatifs aux projets en question. Dans la mesure du possible, j'inclus des estimations de temps pour mes actions. Si j'ai de la peine à estimer la durée d'une tâche, il y a fort à parier qu'il s'agit plutôt d'un projet. Je note également la date de création de chaque entrée, en particulier pour mes listes de prochaines actions et de points en attente. Cela me permet de voir facilement si quelque chose prend trop de temps à être traité. 
  • J'utilise plusieurs calendriers Google Calendar pour toutes les tâches ayant une date et une heure spécifiques. Je reçois des rappels par email et, pour les tâches importantes (rendez-vous, etc.), sur mon smartphone.
  • Ma boîte de réception GTD (inbox) est naturellement ma boîte de réception Gmail. Chaque email possède une URL unique, ce qui permet de facilement créer des références depuis ma to-do list principale ou d'autres documents Google Docs.
  • La phase de collecte (collect) consiste donc simplement à m'envoyer des mails. Je le fais depuis mes laptops, mais aussi et plus souvent depuis mon smartphone. J'essaie de privilégier le texte, mais je n'hésite pas à m'envoyer des photos et, plus rarement, des enregistrements sonores. J'utilise peu Siri, qui n'est pas encore assez simple et rapide à mon goût. Si je conduis et que je ne suis pas seul, je préfère demander à un passager de m'envoyer un mail.
  • La phase de traitement (process) revient donc à traiter les emails accumulés dans mon inbox Gmail. Depuis le temps, je suis donc devenu un adepte du concept inbox zero. J'essaie autant que possible de conserver mon inbox Gmail vide, en tout cas une fois par jour.
  • J'essaie (ou, plutôt, j'essayais) de conserver tous mes projets et tâches "un jour / peut-être" (someday / maybe) dans un gros document unique sur Google Docs. Lorsque je traite une tâche, j'essaie de privilégier ce document pour éviter de vouloir "tout faire tout de suite", par exemple en créant un nouveau projet ou une nouvelle prochaine action.
  • Enfin, je fais ma revue hebdomadaire (weekly reviewrégulièrement depuis des années. Durant cette revue, je parcoure essentiellement ma to-do list principale et l'état de mes projets. Cela ne me prend presque jamais beaucoup de temps, comme j'utilise mon système GTD quotidiennement et que j'en profite pour mettre à jour ce qui a besoin de l'être dès que possible. De ce point de vue, je ne suis définitivement pas un adepte du browser tab zero. Mes listes sont toujours ouvertes dans mon navigateur.
Mon système GTD souffre toutefois de plusieurs problèmes.
  • Je dois d'abord faire face à l'éternel problème de la procrastination. J'ai beau avoir une vision claire de ce qui me reste à faire, certains projets stagnent. Certaines "prochaines actions" sont sur ma to-do list depuis des mois, voire des années.
  • En huit ans, mon document "un jour / peut-être" est devenu beaucoup trop grand. Il fait en ce moment 32 pages A4, mais en faisait 36 en début d'année. Cela me rebute, à tel point que j'ai cessé de faire des revues régulières de ce document (j'essayais de passer en revue ce document une fois chaque 3-6 mois). Du coup, il est devenu une sorte de cimetière où mes idées moins prioritaires vont mourir...
Je ne veux toutefois pas laisser tomber. Avant GTD, j'avais à plusieurs reprises été déjà complètement dépassé par plusieurs de mes to-do lists, à tel point qu'il m'est arrivé plusieurs fois de les effacer et de repartir de zéro. C'est quelque chose qui m'est arrivé également une fois avec mon inbox personnelle. Un jour, complètement débordé, j'ai archivé des centaines d'emails non traités sans y répondre (et il s'agissait bel et bien d'emails qui attendaient une réponse de ma part).

Ne désirant pas revivre ces situations, j'ai mis en place plusieurs solutions :
  • J'ai décidé d'éclater mon document "un jour / peut-être" en plusieurs sous-listes. Par la même occasion, j'en ai profité pour rendre ces sous-listes publiques : livres à lire, films à regarder, voyages à faire. J'espère pouvoir créer d'autres listes similaires à l'avenir.
  • Cela peut paraître superficiel, mais j'ai changé la mise en page de mon document "un jour / peut-être". C'est le désavantage d'utiliser Google Docs à la place d'une application dédiée, j'imagine. Cela permet une grande liberté au niveau de la mise en page, mais il n'y a du coup pas de moyen de normaliser facilement la présentation des données. J'y ai consacré des heures, mais ce document est devenu plus esthétique et j'ai à nouveau envie de le regarder et, donc, de le passer en revue.
  • Je mets désormais en gras les éléments qui me semblent plus intéressants / prioritaires dans mon document "un jour / peut-être". A nouveau, c'est une fonctionnalité qui existe dans les applications dédiées (priorités / favoris). D'un côté, on atteint donc ici les limites de l'approche Google Docs. D'un autre côté, je ne suis pas sûr d'avoir besoin de plus de deux niveaux de priorité, donc cette manière de faire suffit largement.
  • J'ai ressenti le besoin d'avoir un document d'incubation intermédiaire, avant le stade "un jour / peut-être". J'ai donc créé un nouveau document de brainstorming. C'est un document dans lequel je mets parfois mes idées, avant de les mettre dans "un jour / peut-être", pour pouvoir les préciser, y réfléchir. Très important : je limite ce document strictement en taille (1 page A4 grand maximum). Une fois que j'aurai remis en place mes revues régulières du document "un jour / peut-être", je ne ressentirai peut-être plus le besoin d'avoir ce document.
  • Depuis 2011, j'établis chaque année une liste de buts annuels (une dizaine maximum, en principe). Ces buts doivent être quantifiables et pouvoir être découpés facilement (en douze parties, typiquement). Il y a des buts annuels récurrents (lectures de livres, ventes d'objets, etc.), mais c'est aussi l'occasion d'avancer sur des projets qui ont longtemps stagné.
  • Plus récemment, je me suis mis à établir un planning de la semaine selon un rythme hebdomadaire. Il est souvent recommandé de lister les tâches sur lesquelles on désire travailler durant une journée (par exemple le soir pour le lendemain), mais j'ai trouvé intéressant de faire cet exercice une seule fois par semaine (le dimanche soir, ces derniers temps). La semaine est pour moi une unité de temps facile à gérer. Les activités, sorties, etc. sont en général connues. Il est alors possible de s'assurer que les prochaines actions, les buts annuels, mais aussi certaines tâches que je veux faire régulièrement (articles à lire, vidéos à regarder, etc.) soient distribuées de manière plus équilibrée.
  • Le principe du rituel matinal m'aide aussi à exercer certaines activités plus souvent (méditation et sport).
  • Enfin, et cela paraîtra bizarre à certains, j'imagine, j'ai ressenti le besoin d'avoir une not-to-do list. C'est une liste dans laquelle j'indique ce que j'ai décidé de ne pas faire, avec une date et une justification. Comme il s'agit d'un document Google Docs, ce document est indexé et apparaît dans les résultats d'une recherche. C'est une liste que je peux facilement nourrir avec des éléments de ma liste "un jour / peut-être", par exemple, une fois que j'ai déterminé qu'il s'agit d'idées que je ne désire pas conserver.
En conclusion :
  • Il n'y a pas de miracles : il faut fournir un effort constant pour qu'un système GTD reste efficace et agréable à utiliser. Il est utile de remettre en question son fonctionnement de temps en temps.
  • J'ai remarqué que les habitudes et les automatismes sont importants. Moins j'ai besoin de réfléchir, plus je fais facilement les choses. Cela rejoint l'idée des systèmes de Scott Adams. C'est pourquoi j'exploite autant que possible le mécanisme des buts annuels, du planning hebdomadaire et du rituel matinal, entre autres.
  • Enfin et surtout, il est important de se donner le droit à l'erreur. GTD me semble être de ce point de vue une méthode particulièrement résiliente. Malgré quelques négligences de ma part ces derniers temps, je ne ressens pas le besoin de tout laisser tomber, de tout recommencer. J'ai vraiment l'impression que quelques ajustements suffiront à corriger le tir.

Friday, October 16, 2015

LASIK : 10 ans après

Je me suis fais opérer des yeux, au LASIK, la technique la plus fréquemment employée dans le domaine de la chirurgie de l'oeil au laser, le 11 octobre 2005 à 12h45, après environ une année de réflexion. Sans entrer dans les détails, l'opération en elle-même n'a duré qu'un quart d'heure, mais je suis resté presque quatre heures dans la clinique où elle a eu lieu, à Lausanne, en comptant l'attente avant et après l'opération.

L'intervention n'a pas duré longtemps, donc, mais a été relativement désagréable. Mes yeux ont été anesthésiés localement à l'aide de gouttes. Les pires moments ont ensuite été la cécité temporaire lors de la découpe du capot (microkératome), puis l'odeur de cornée brûlée lors de l'utilisation du laser. Je crois que je n'ai pas besoin d'en dire plus...

Après 30-60 minutes de récupération, je suis rentré chez moi, accompagné, bien entendu. J'avais dû oublier mes lunettes de soleil, car je me souviens que la lumière du jour m'a été particulièrement désagréable (pupilles encore dilatées).

En tout, j'ai pris congé durant trois jours et ai recommencé à travailler le quatrième jour. Durant cette période initiale, la nuit, j'ai dû porter des coques en plastique pour empêcher un contact trop important entre mon oreiller et mes yeux. Comme je dors sur le ventre et non sur le dos, ces coques m'ont empêché de bien dormir. Ces premiers jours ont donc été relativement éprouvants, malgré le retour d'une vision plus ou moins normale dès le premier soir.

Je n'avais pas fait énormément de recherche avant l'opération. Pour le choix du chirurgien, j'ai suivi le conseil de mon ophtalmologue. Je me suis renseigné sur les équipements utilisés (modèles des microkératome et laser). Et, surtout, j'ai passé beaucoup de temps à lire les histoires d'horreurs qui foisonnent sur internet. Il faut dire que le LASIK est une technique très utilisée. Probablement trop. Comme tous les actes chirurgicaux, il y a des risques. Et plus il y a de personnes opérées, plus il y a d'échecs, de complications, d'effets secondaires et, donc, de témoignages effrayants.

Si je devais donner quelques conseils à quelqu'un qui hésiterait aujourd'hui à se faire opérer, je dirais que si, dans le domaine du LASIK, la technologie est presque plus importante que le chirurgien, il ne faut pas négliger l'importance de ce dernier. De nos jours, en 2015, s'il n'existe pas (encore) de TripAdvisor de la médecine, il existe de nombreux forums où il est possible d'obtenir des recommandations de chirurgiens.

Il est également important de vérifier qu'une opération est possible sans risques. Je ne me souviens plus exactement quels éléments doivent être contrôlés, mais je sais qu'il y a des contre-indications au LASIK. Celles-ci ne doivent pas être prises à la légère. J'imagine qu'une partie des opérations ratées sont causées par des chirurgiens plus intéressés par l'argent que par le confort des patients.

Il ne coûte rien de demander une description exacte de l'équipement utilisé par le chirurgien (fabriquant, modèle, année, etc.). Si ces informations sont données facilement par le chirurgien ou la clinique, j'imagine que c'est plutôt bon signe.

Je n'ai pas d'avis tranché sur la question de savoir si c'est une bonne idée de voyager pour se faire opérer dans des pays moins chers. A priori, je répondrais plutôt par la négative (que faire en cas de complications, par exemple ?), mais j'imagine qu'il doit y avoir des cliniques sérieuses un peu partout.

Enfin, si c'était à refaire, je me ferais opérer à nouveau aujourd'hui, sans trop hésiter. En fait, je serais probablement plus motivé à le faire aujourd'hui qu'en 2005, comme il s'agit d'un acte chirurgical qui dépend beaucoup de la technologie employée. J'imagine donc que les équipements utilisés en 2015 sont en moyenne plus perfectionnés et plus sûrs qu'il y a dix ans.

Wednesday, October 7, 2015

Smart democracy

En Suisse, la démocratie directe est à la fois un avantage et un désavantage. Elle est un avantage en ce sens qu'elle donne un pouvoir plus grand au peuple, qui peut ainsi s'exprimer et avoir une influence plus importante sur son avenir. Elle est également un désavantage, car elle permet aux craintes, aux opinions trop vite forgées et aux préjugés d'avoir voix au chapitre, alors que cela serait probablement moins le cas dans une démocratie purement représentative - pour un exemple flagrant de cette problématique, voir l'initiative populaire "Contre l'immigration de masse" du 9 février 2014.

Cela étant dit, même en démocratie directe, le peuple choisit aussi ses représentants. Pour le Parlement suisse, cette élection a lieu une fois chaque quatre ans.

Personnellement, je trouve cet exercice plus difficile que celui des votations, où il s'agit de donner son avis - un "oui" ou un "non", somme toute - concernant des initiatives populaires ou des référendums. En cas de votations, il faut donc se renseigner, discuter avec des gens, lire des articles, écouter ou regarder des émissions de radio/télévision, etc. C'est du travail, mais il est raisonnablement facile d'arriver à une conclusion en examinant les arguments exposés par les différents camps.

Pour l'élection du Conseil national, se renseigner sur tous les candidats est une tâche quasi impossible. Rien que pour le canton de Vaud, il y a plus de 300 candidats. Si l'on vote pour un parti, la tâche est plus facile - pour Vaud, il n'y a alors "plus que" 23 partis parmi lesquels il est possible de faire son choix. Mais pour les gens comme moi, qui n'ont jamais réussi à trouver quel parti leur convient le mieux ou qui pensent que le concept de parti a ses limites, le problème reste presque entier.

Heureusement, depuis 2003, il existe un site permettant de faciliter la découverte de candidats partageant ses opinions politiques : Smartvote. Cette plateforme de recommandation permet de lister les candidats ou les partis par ordre d'affinité politique, en se basant sur un questionnaire.

Dans la pratique, il existe deux versions du questionnaire : un court (30 questions), permettant d'obtenir plus rapidement une recommandation, et un long (75 questions), permettant une recommandation plus précise. Pour ma part et comme les dernières fois, j'ai opté pour le questionnaire le plus long.

Les questions sont regroupés en treize groupes, qui couvrent une bonne partie du spectre des thèmes politiques :
  1. Etat social et famille  
  2. Santé publique   
  3. Formation et recherche  
  4. Migration et intégration  
  5. Société et éthique  
  6. Finances et impôts   
  7. Economie et travail   
  8. Energie   
  9. Environnement et transports 
  10. Institutions  
  11. Justice et sécurité
  12. Relations extérieures
  13. Dépenses de la Confédération
Une fois les réponses données, ce questionnaire correspond alors à une sorte de vision du monde, ciblant bien entendu plus des thématiques politiques que des sujets philosophiques pointus. Loin de se contenter d'aspects superficiels, Smartvote aborde tout de même des questions de société / éthiques, telles que l'adoption par les couples homosexuels ou l'euthanasie active.

Il est possible de visualiser un résumé de ses positions, sous forme de smartspider :


Mais l'une des fonctionnalités que j'apprécie tout particulièrement est le concept de smartmap, qui permet de se positionner sur un axe gauche-droite et conservateur-libéral, en visualisant également la position des candidats :


Cela me permet par exemple de réaliser qu'avec le temps, je me déplace de plus en plus vers la gauche. Il y a huit ans, en 2007, je me trouvais nettement plus proche du centre de l'axe gauche-droite :


Quant aux partis, voici mes recommandations personnalisées :
  1. PS - Jeunesse Socialiste Vaudoise (73.2%)
  2. PS - Parti socialiste vaudois (70.7%)
  3. POP - solidaritéS (69.0%)
  4. Jeunes Vert-e-s Vaudois-e-s (66.3%)  
  5. Les Verts. Mouvement écologiste vaudois (64.9%)
  6. Parti Pirate vaudois (64.2%)
  7. ...

Comme je l'ai dit plus haut, j'ai de la peine à m'identifier à un parti politique, mais ceux qui arrivent en tête de mes recommandations sont globalement les mêmes que les années précédentes. Autant que je me souvienne, depuis 2003, Smartvote a toujours suggéré que j'étais relativement proche du Parti socialiste et des Verts.

Maintenant, que faire de ces recommandations, dans la pratique ?

Il s'agit d'abord de noter que tous les candidats ne participent pas à Smartvote. On parle ici d'une minorité - 11% des candidats au Conseil des Etats -, mais il y a des exceptions notables - Jacques Neirynck, en particulier. Je ne sais pas exactement ce qui motive ces absents, mais c'est pour moi une position éliminatoire.

En effet, je pense que dans une démocratie, il s'agit d'exprimer ses idées par tous les moyens possibles. J'apprécie qu'un politicien utilise un blog ou Twitter, par exemple, pour résumer ses positions, communiquer et débattre. Dans ce contexte, ne pas être présent sur Smartvote, c'est un peu refuser les règles du jeu de la démocratie.

Enfin, j'imagine qu'il n'est pas forcément raisonnable de voter "aveuglément" pour les candidats qui partagent le plus mes idées. Ceux-ci n'ont pas forcément l'expérience ou le profil nécessaires pour mener une carrière politique efficace et défendre au mieux "mes" idées. On en revient finalement au concept de vote utile.

Cette année, je décide malgré tout de suivre strictement les recommandations de Smartvote, partant du principe que mon vote ne sera jamais totalement inutile. On ne sait jamais : il pourrait faire pencher la balance et pousser un jeune candidat à persister plutôt qu'à abandonner son engagement politique.

Wednesday, September 30, 2015

Souffrances bovines et esclavagisme

Cet article est une réaction à un épisode récent d'un podcast semi-privé, dont le thème est la consommation de la viande et les questions éthiques que cette consommation implique. Les deux auteurs de ce podcast ne sont pas (encore) végétariens.

Le point de départ de la discussion est qu'il est immoral de manger de la viande, principalement à cause de la souffrance animale que la production de la viande entraîne. Cela aurait pu être la conclusion de l'épisode, mais je trouve encourageant qu'il s'agisse au contraire uniquement d'une introduction et que la majeure partie de la discussion tourne autour des implications de ce constat.

Globalement, j'ai trouvé cet épisode rafraîchissant. Comme je suis végétarien depuis 1997, le végétarisme est pour moi quelque chose de naturel, même s'il est une source de questionnement permanent, et j'ai plutôt l'habitude de lire et d'écouter d'autres végétariens ou végétaliens discuter de leurs problèmes.

Ma première réaction est la réalisation que je n'avais pas autant intellectualisé ma démarche il y a 18 ans. C'est à la fois positif, car cela m'a probablement permis de faire le pas plus facilement, et négatif, car certaines questions ne me sont venues à l'esprit que bien plus tard et j'ai par conséquent le sentiment d'avoir un peu perdu mon temps, en quelque sorte. J'aurais pu faire plus, plus tôt.

Ma deuxième réaction générale est que le conséquentialisme a ses limites. Lorsqu'on commence à se demander si la souffrance qui correspond au quart d'un oeuf est supérieure ou inférieure à la souffrance d'un groupe d'amis non-végétariens qui doit changer de restaurant parce qu'un premier restaurant ne propose pas de plat végétarien (ou végétalien), c'est qu'il est probablement temps de devenir un peu plus pragmatique (un vilain mot que je n'utilise que lorsque j'y suis contraint par les circonstances).

Les points sur lesquels je suis d’accord :

  • En tant que végétarien, faire la morale est contre-productif. Essayer de dégoûter ou culpabiliser ses amis et sa famille ne mène pas à grand-chose. C'est en tout cas une stratégie qui risque de ne pas durer très longtemps, pour des raisons évidentes. Personne n'apprécie les donneurs de leçons.
  • Il est possible de montrer l'exemple. “Lead by example” est l'expression qui a été utilisée en anglais. C'est une bonne alternative à la leçon de morale. Être végétarien, en toute simplicité, c'est montrer aux autres qu'il est possible d'être végétarien. C'est d'ailleurs une stratégie qui peut s'appliquer à d'autres domaines. Par exemple, si les circonstances semblent propices, le fait de se déclarer athée, sans faire de prosélytisme, peut montrer que l'absence de croyances est parfaitement normale.
  • Arrêter de manger de la viande ne suffit pas. Le fait que je sois végétarien, en soi, à l'échelle d'une vie, représente quelques vies animales sauvées. Peut-être quelques dizaines ou centaines, si on compte les poules et les poissons. Il est possible de faire mieux en encourageant, directement ou indirectement, les autres à consommer moins de produits animaux. Comment le faire ? C'est une question difficile. J'ai tendance à avoir une vision pessimiste de la chose. Récemment, j'ai participé (modestement) à la compagne de crowdfunding qui a permis l'ouverture du premier restaurant végétalien de Lausanne (Veganopolis). Mais il est rare que j'aie véritablement l'impression de faire quelque chose de concret pour faire avancer la cause animale.
  • La problématique est subtile/graduelle/progressive. Tuer dix vaches, c'est mieux que d'en tuer vingt. Manger peu de viande, c'est mieux que d'en manger beaucoup. Etre végétalien, c'est mieux que d'être végétarien. A mon sens, tuer un moustique, c'est mieux que de tuer une vache. Toutes ces "règles", presque évidentes, sont des moyens de naviguer dans le "paysage moral", mais, à mon avis, elles ne doivent pas devenir des excuses ("Je mange moins de viande. C'est suffisant."). Aussi, elles doivent permettre de se rendre compte que la souffrance animale n'est qu'un problème parmi d'autres (écologie, conditions de travail, etc.). Il est donc important d'inscrire le végétarisme dans une démarche plus globale, la plus cohérente possible. Après, comme je l'ai dit plus haut, une approche conséquentialiste peut vite devenir difficile, en pratique.
  • Le passage de non-végétarien à végétarien est relativement difficile. En réalité, je ne me souviens plus vraiment. C'était à la fin des années '90. Je me souviens d'une chose, c'est que ma démarche a été progressive, en ce sens que j'ai continué à manger du poisson durant plusieurs mois (ou années ?) et que la tradition des fondues à base de viande (chinoises et autres) des fêtes de fin d'année a résisté durant plusieurs années. Ce qui est une certitude est que le végétarisme ne représente, au quotidien, plus la moindre difficulté à mes yeux.
  • L'impact écologique de la production de la viande est également important. C'est également une problématique plus facile à expliquer aux gens, plus objective. Celle de la souffrance et, donc, de la conscience animale, relève un peu plus de la philosophie. Elle est plus abstraite, en tout cas.
  • Ne pas être végétarien, c'est la voie facile. C'est le plus souvent la voie par défaut. La plupart des pays dits occidentaux ont une culture de la viande, transmise généralement de parents à enfants. L'industrie, les magasins, les restaurants, les cantines scolaires, etc. tendent à encourager le maintien d'un status quo. Sortir de cette culture représente donc un véritable effort, tout du moins au début.
  • La souffrance animale est le plus souvent invisible. L'industrie de la viande dépend en grande partie de l'invisibilité de cette souffrance. Aucune publicité pour la viande ne mettra en scène l'exécution des animaux dans les abattoirs. Pas difficile de s'imaginer pourquoi. Personne n'a envie de voir cela. Il y a là une hypocrisie fondamentale.
  • La viande, c’est bon. A nouveau, je n'en suis plus vraiment sûr, comme je n'en ai pas mangé depuis longtemps, mais je me souviens avoir été un consommateur enthousiaste de charcuterie, fondues chinoises et autres. Il est par contre important de réaliser que le régime végétarien est bien plus vaste que la plupart des gens se l'imaginent. Quelque part, c'est aussi un goût qui s'acquiert avec le temps, comme le vin ou la bière. La première fois que j'ai bu du "lait" de soja, je n'ai pas du tout aimé ça, trouvant que ça ne ressemblait pas à du lait de vache. Maintenant, je m'imagine difficilement m'en passer. Un autre problème est celui de la masse critique : plus il y aura de végétariens, plus il y aura de choix dans les magasins et les restaurants, et plus il y aura de bons produits végétariens.
  • Être végétalien/vegan est plus difficile qu'être végétarien. J'essaie depuis deux ans d'être le plus végétalien possible, donc j'en sais quelque chose. Baisser drastiquement sa consommation de lait, fromage et oeufs est par contre assez facile. Il y a deux week-ends, j'ai eu l'occasion de manger un menu végétalien gastronomique en six plats. Les choses vont dans le bon sens. Lorsqu'il y aura plus de végétariens, être végétalien/vegan devrait aussi devenir plus facile/évident.

 Les points sur lesquels je ne suis pas d'accord ou qui demandent des précisions :

  • Manger du poisson est moins problématique. En particulier, j'ai trouvé un tout petit peu choquant le passage concernant l'asphyxie des poissons qui ne dure "que quelques minutes", ce qui serait moins comparé à la souffrance d'une vache maltraitée toute sa vie. Dans l'absolu, cela pourrait avoir un certain sens, toujours dans un système conséquentialiste. Mais nous n'avons toujours pas de théorie de la conscience qui tienne la route. Difficile donc de savoir ce que ressent réellement un poisson qui meurt asphyxié. J'espère qu'effectivement, les poissons ressentent moins la douleur que les mammifères, par exemple, mais je ne peux pour l'instant pas en être certain. Un autre problème est qu'environ cent milliards de poissons sont pêchés chaque année. Cela représente beaucoup d'asphyxies... C'est aussi environ 300 fois plus d'individus tués que pour les vaches, boeufs et veaux. Enfin, n'oublions pas le problème écologique que la pêche représente (surpêche, etc.).
  • L'utilisation du terme "extrémiste". Ce n'est pas la première fois que je l'entends dans le contexte du végétarisme/végétalisme, pour désigner quelqu'un qui arrêterait complètement de manger de la viande (par opposition à une consommation réduite de viande). Il y a trois ans, je m'étais déjà exprimé sur le sujet, mais dans un autre contexte. Pour moi, l'extrémisme, dans le domaine de la défense de la cause animale, correspondrait plutôt à des actions violentes ou illégales, comme la libération d'animaux de laboratoire, le vandalisme ciblant des magasins vendant de la fourrure, voire des meurtres de personnes impliquées dans la souffrance animale.
  • Ne plus manger de viande peut avoir un avantage économique. Globalement, la viande est relativement chère. Mais le végétarisme est associé à une prise de conscience plus large. A partir du moment où l'on cesse de manger de la viande, on va aussi souvent chercher à manger bio et local, par exemple, ce qui a tendance à tirer les prix vers le haut, surtout dans un pays comme la Suisse.
  • Etre végétarien mène à des carences. Sur le fond, je suis d'accord qu'il faut se documenter et manger équilibré, mais on m'a tellement souvent demandé comment je faisais pour compenser le manque de protéines, fer ou autres que cette problématique est pour moi largement surévaluée. Une sorte de mythe, quoi. Ma réponse est quasiment toujours la même : il y a énormément d'aliments contenant des protéines, du fer, etc. Je peux de plus aisément m'imaginer que quelqu'un mangeant de la viande puisse avoir un régime complètement déséquilibré (voire dangereux).
  • Le végétarisme est un handicap social. Oui, être végétarien, lorsque l'on sort avec des amis ou de la famille peut être un léger problème, mais, même en Suisse Romande, région relativement peu végétarienne, il faut vraiment chercher longtemps pour trouver un restaurant qui n'aurait absolument rien de végétarien à la carte ou qui ne serait pas d'accord de faire un plat spécial pour un végétarien. Mon expérience personnelle (et donc anecdotique) est que le végétarisme est plutôt quelque chose de facile à prendre en compte, comparé à quelqu'un qui n'aimerait pas un style de cuisine en particulier (japonais ou mexicain, par exemple) ou à quelqu'un qui serait allergique/intolérant au gluten (ou qui prétendrait l'être - c'est très à la mode). Etre invité chez quelqu'un peut être plus problématique, mais c'est aussi l'occasion "d'éduquer" cette personne, en quelque sorte. Et il est toujours possible de proposer d'apporter à manger.
  • Le lait, le fromage et les oeufs sont moins problématiques que la viande. La problématique des conditions de vie des vaches laitières et des poules pondeuses est à peu près la même que dans le cas de la production de viande. A cela s'ajoutent des problématiques supplémentaires. Pour qu'une vache produise du lait, il faut qu'elle ait des veaux, qui lui sont retirés très vite (souffrance de la séparation de part de d'autre). Dans le cas des oeufs, les poussins males sont supprimés (encore très souvent en étant broyés vivants, si je comprends bien). Bref, il ne faut pas sous-estimer les problèmes éthiques soulevés par les industries du lait et des oeufs.
  • Un végétarien a des envies irrésistibles de viande, au début. Je ne sais pas si c'est quelque chose qui a été réellement dit dans le podcast ou s'il s'agissait juste d'une interrogation, mais je ne me souviens pas que cela ait été le cas pour moi. Ou cela n'est du moins pas le cas depuis très longtemps. A l'heure actuelle, l'idée de manger de la viande de me dégoûte pas, mais me paraît en même temps très peu naturelle. C'est quelque chose qui me laisse indifférent, en fait. Pour conclure, je dirais que je n'attends pas l'arrivée de la viande synthétique avec impatience pour pouvoir enfin manger de la viande à nouveau, mais uniquement parce que cela résoudra le problème de la souffrance animale à large échelle.

J'aimerais encore revenir sur un point, celui du tabou de la question "Pourquoi es-tu végétarien ?" Dans mon cas, il ne s'agit absolument pas d'un tabou, mais il est vrai qu'après toutes ces années, je trouve encore cette question difficile, pour plusieurs raisons :
  • J'ai entendu cette question des centaines de fois. La personne en face de moi pose cette question peut-être pour la première fois de sa vie, mais le sentiment de devoir se justifier est toujours un peu lourd à porter. Je dirais que cela va mieux depuis quelques temps, toutefois.
  • Il est difficile d'y répondre sans juger indirectement la personne en face. En résumé, je réponds que je suis végétarien pour des raisons éthiques. Ce que je ne dis pas, mais qui pourrait se déduire assez vite de ma réponse, c'est que toute personne mangeant de la viande (donc y compris la personne en face de moi) agit de manière immorale. Je ne le dis pas, mais je le pense. C'est une conclusion logique. Cette peur de juger quelqu'un en face de moi (pas sur un blog, par texte interposé) me met mal à l'aise et je dois encore m'y habituer.
  • J'ai l'impression qu'il est difficile, voire impossible de changer les choses. C'est ma vision pessimiste des choses à laquelle j'ai déjà fait référence plus haut. A quoi bon m'expliquer sur mon végétarisme, puisque je n'ai jamais réussi à "convertir" qui que ce soit ? Je reconnais que je dois travailler sur cette vision et essayer de parler de mon végétarisme de manière beaucoup plus enthousiaste/positive.

Je conclurai en disant que le végétarisme et le végétalisme, c'est comme les mathématiques. On peut se perdre dans les méandres d'une éthique conséquentialiste et se demander quel est le coût (au sens utilitariste du terme) de chacun des aliments que l'on consomme, comparer une souffrance d'une minute d'asphyxie de poisson avec celle de trois amis changeant quatre fois de restaurant, mais, au bout du compte, il devient plus élégant d'effectuer une généralisation et d'arriver à une équation simple. Ne pas manger du tout de viande est donc pour moi la voie à privilégier sur le long terme, même si le fait d'en manger une fois par année ne ferait, au bout du compte, quasiment aucune différence.

Sunday, September 27, 2015

Ma rencontre avec Prince

Le titre de cet article est un clin d'oeil à mon article précédent, "Rencontre avec Matthieu Ricard". J'aimerais, ici, rendre hommage à toutes ces personnalités publiques - écrivains, musiciens, réalisateurspenseurs, etc. - dont les oeuvres et les idées jalonnent nos vies, nous changent, nous bouleversent, pour finalement nous définir.

Le lien avec mon article précédent, c'est aussi la méditation. Ces derniers jours, Andy Puddicombe, dont je suis le cours de méditation guidée Headspace, propose en guise d'exercice pratique d'essayer de percevoir les situations de nos vies quotidiennes comme s'il s'agissait d'un rêve, pour leur donner un caractère de légèreté. Tout en reconnaissant leur caractère réel. "Could it be?", demande-t-il à la fin d'une session que j'écoutais récemment.

Il s'agit d'un exercice difficile, que je ne suis pas sûr d'avoir bien compris. Mais l'idée est fascinante. Ce lien entre rêve et réalité est évidemment un thème classique, que l'on retrouve dans bien d'autres domaines que la méditation. Je pense par exemple à la filmographie de David Lynch.

Cet exercice, que je suis censé réaliser tout au long de mes journées, m'a mené à un questionnement différent, celui de la relation entre nos souvenirs et les rêves. Comment être certain que nous n'avons pas rêvé certains de nos souvenirs lointains ?

J'en reviens à Prince. Ma première rencontre avec lui - au sens figuré - date de 1989. Comme je l'expliquais il y a deux ans, il s'agissait d'un pur hasard. Mais il s'agissait aussi d'un moment charnière, qui a défini mes goûts et intérêts musicaux pour le quart de siècle à venir.

Neuf ans plus tard, en 1998, je l'ai vu pour la première fois en concert, à Zürich. Depuis, j'ai eu la chance de le voir sept autres fois, dont deux fois à Montreux en 2013.

Et puis, il y a ce moment particulier, furtif, qui semble maintenant un peu irréel. L'ai-je rêvé ? Je ne pense pas, mais je n'en ai quasiment aucun preuve. Du moins, je ne connais personne qui puisse en témoigner.

C'était le 31 octobre 2002, à 1h30 du matin, au club Kaufleuten à Zürich. Quelques heures auparavant, j'avais eu la chance d'assister à un soundcheck au Hallenstadion en présence de quelques centaines de fans - un privilège réservé aux membres du NPG Music Club -, puis à un concert de plus de deux heures avec, cette fois-ci, plus de 12'000 personnes.

Une afterparty avait été annoncée juste après le concert et je me suis empressé de m'y rendre, Prince profitant parfois de ces occasions pour jouer ses fameux aftershows, ces concerts bien plus déstructurés qu'il aime faire tardivement dans des petites salles de concerts, juste après les gros concerts des tournées officielles. Cette nuit-là, mon statut de membre du NPG Music Club m'a permis d'entrer facilement au Kaufleuten, sans faire de queue, alors que, quatre ans auparavant, arrivé en retard, j'étais resté devant les portes de ce club, bondé, pendant que Prince et son groupe jouaient...

Peu après mon arrivée, je me suis installé près de la scène, à tout hasard. Une personne m'a abordé pour me questionner au sujet de mon bracelet coloré. Je lui ai expliqué le fonctionnement du NPG Music Club, qu'il semblait ne pas connaître.

Malheureusement, ce soir-là, Prince n'était pas d'humeur à jouer encore une fois. Une main agitée depuis le balcon VIP en direction de ses fans. Une fois. Deux fois. La scène toujours vide. Au bout d'un moment, il a fallu me rendre à l'évidence : il n'y aurait pas d'aftershow.

Prince s'est toutefois décidé à descendre de son balcon, pour rejoindre la scène, désespérément vide, avec ses musiciens. Et c'est là que j'ai rencontré Prince pour la première fois, au sens propre, cette fois-ci. Je lui ai tendu et serré la main. J'ai peut-être esquissé un timide "hi". Je ne sais plus. Une simple poignée de main. Un instant qui aurait été anodin s'il ne s'était pas agi de mon idole musicale.

Tout était pardonné.

Merci, donc, Prince. Nous avons nos différends intellectuels - Témoin de Jéhovah, vraiment ? -, mais, musicalement, cela fait plus d'un quart de siècle que tu m'accompagnes, avec ta folie et ton côté décalé. Continue à ne rien faire comme les autres. Entre deux moments frustrants, tu arrives toujours à me toucher.

Saturday, September 12, 2015

Rencontre avec Matthieu Ricard

Le week-end passé, je me suis rendu pour la première fois à la manifestation Le livre sur les quais, à Morges, sur les rives sur Lac Léman. Cela faisait quelques années que nous voulions y aller. Nous avons enfin pris le temps de le faire.

Le fait que j'aille à une telle manifestation pourrait paraître étrange, vu ma résolution de ne lire plus que des livres électroniques, mais j'ai découvert avec plaisir toute une dimension que je ne connaissais pas jusque alors : la rencontre avec les auteurs.

En bref, nous avons eu l'occasion de suivre une conférence de Matthieu Ricard, une interview de Martin Suter, une table ronde avec plusieurs historiens ("Les mythes de l'histoire suisse"), ainsi qu'une lecture de Nancy Huston.

La conférence de Matthieu Ricard avait lieu sur un bateau, le Lausanne de la CGN, qui a navigué sur le Lac Léman durant plus d'une heure et demie. En soi, le concept était déjà intrigant. Je dois reconnaître toutefois que, passés les premiers moments d'étonnement, je n'ai plus beaucoup prêté attention au paysage et me suis concentré sur la conférence en elle-même.

Je n'étais pas très familier avec la vie et l'oeuvre de Matthieu Ricard. Cette rencontre a donc été l'occasion pour moi de découvrir quelqu'un dont je me suis senti beaucoup plus proche que prévu. Parmi les trois éléments principaux qui nous lient, il y a la science, le végétarisme et la méditation. Ricard a également fait référence à plusieurs personnes avec lesquelles je suis familier (André Comte-Sponville et Steven Pinker, entre autres). Cela a eu pour effet de me mettre en confiance, en quelque sorte.

Le côté religieux de Ricard aurait a priori pu être un obstacle, pour moi, mais, au final, rien de ce qu'il a pu dire en une heure et demie n'a heurté ma sensibilité de sceptique scientifique. Au contraire, son discours très raisonnable a plutôt éveillé ma curiosité.

Cela laisse songeur. Matthieu Ricard pourrait-il défendre les idées qu'il soutient sans religion ? Sans son habit quelque peu incongru de moine bouddhiste ? Probablement. Ce qui me fait penser à la thèse que développe Sam Harris dans Waking Up: A Guide to Spirituality Without Religion. D'ailleurs, Matthieu Ricard et Sam Harris sont par certains aspects assez proches dans leurs idées (méditation, neurosciences, etc.). Je trouverais très intéressant que ces deux penseurs se rencontrent, par exemple dans le contexte d'un podcast.

En attendant, j'ai une fois de plus succombé à l'appel du 1-click d'Amazon et ai commandé la version Kindle de Pladoyer pour les animaux. La lecture de cet ouvrage devrait me permettre de découvrir plus en détail la pensée de Matthieu Ricard. Et - qui sait ? - me donner quelques arguments supplémentaires pour défendre mon végétarisme.

Tuesday, June 30, 2015

Les livres et la fuite du temps

J’aime lire, mais je ne lis pas assez. C’est quelque chose que je sais depuis longtemps et cela fait en tout cas plus de cinq ans que je fais un effort conscient pour y remédier. Malgré cela, je réalise régulièrement que je peux faire mieux.

Par exemple, récemment, je suis tombé sur cet article : "Three thousand reasons to choose your reading carefully", de Beulah Maud Devaney. L’auteure commence en écrivant :
"According to the book review website Goodreads I recently finished reading my 1,000th book."
Mille livres ! Je ne sais pas exactement quel âge a cette personne - je dirais qu'elle semble avoir environ trente ans - mais, dans tous les cas, ce nombre m'impressionne. Vraiment.

Selon une liste que je tiens à jour, j'ai lu au total 81 livres. Disons 120 au grand maximum si je prends en compte tous ceux que j'ai pu lire à l'école ou durant mon enfance, et que je n'ai pas eu l'occasion d'inclure dans ma liste. En Suisse, l'espérance de vie est à peu près de 80 ans pour un homme. En moyenne, il me reste donc encore 43 ans à vivre. Si j'extrapole tous ces chiffres et si je maintiens mon rythme actuel, je peux m'attendre à lire encore 400 livres. 500, peut-être, en étant optimiste. Autrement dit, je lirai 600 livres durant toute mon existence. Dans son article, Beulah estime qu'elle aura l'occasion d'en lire 3000, soit cinq fois plus que moi. Un nombre définitivement impressionnant, je le maintiens !

Mais il y a de l'espoir : en me "disciplinant" un peu, j'ai réussi à passer de 6 livres par année en 2010-2012 à 11 livres par année en 2013-2014. Je suis bien parti cette année pour maintenir la cadence, malgré un changement de domicile me privant des transports publics dont je profitais pour lire quotidiennement.

Comme je l'expliquais déjà il y a quelques années, je me rassure aussi en me disant que je lis des ouvrages relativement difficiles (essais philosophiques, vulgarisation scientifique, etc.). Des lectures parfois ardues, demandant plus de concentration, donc naturellement plus longues. Il se peut également que Beulah lise des livres en moyenne plus courts que ceux que je lis. Une meilleure métrique pour quantifier nos lectures serait donc de comptabiliser les mots plutôt que les livres.

Je ne peux toutefois m'empêcher de penser que cette obsession pour la quantité a quelque chose de malsain. Au mois de décembre passé, j'ai décidé de lire L'Alchimiste de Paulo Coelho. Je n'avais jamais rien lu de cet auteur. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. Je savais juste qu'il s'agissait d'un bestseller. Très court. C'était donc surtout l'occasion pour moi de faire une lecture de plus juste avant la fin de l'année. Au final, ce livre s'est avéré être l'une des mes plus grosses déceptions littéraires. Une véritable perte de temps.

C'est donc un lieu commun, mais la quantité et la qualité sont deux choses bien distinctes. Comme Beulah, j'aspire maintenant à ne plus perdre mon temps et à lire des livres de qualité, qui m'apportent vraiment quelque chose.

Le problème est que la qualité est quelque chose de fondamentalement subjectif. Depuis dix ans maintenant, chaque fois que j'ajoute un concert, un film, etc. à mes listes, je lui donne une note sur cinq. Pour la première fois depuis que je me livre à cet exercice, je me suis amusé à calculer la moyenne de mes notes pour chacune de mes listes :
Ces valeurs sont bizarrement homogènes. Y a-t-il un biais quelque part ? Suis-je trop généreux ? Aurais-je tendance à donner de bonnes notes, inconsciemment, pour me convaincre que je n'ai pas perdu mon temps ? Ou ces chiffres reflètent-ils plutôt que mes choix sont généralement bons ?

Je ne le sais pas. Ce qui est certain, c'est que je suis plus motivé que jamais à maintenir mes exigences. Depuis longtemps déjà, j'essaie d'éviter les films qui ont une note inférieure à 7 sur 10 sur IMDb. Je suis parfois même tenté d'élever cette limite à 7.5, voire 8 ! Mais ce serait probablement un peu extrême...

Pour les livres, je me base sur les notes d'Amazon ou de sites tels que Goodreads. A défaut de mieux. Tout en piochant parfois dans ma liste de lecture personnelle, pour l'instant un peu aléatoire, je le reconnais.

Pour le reste (concerts, pièces de théâtres et expositions), il y a en quelque sorte une prise de risques plus grande. Même mes musiciens favoris peuvent parfois donner des concerts qui ne sont pas à la hauteur de leur talent. Mais ce sont encore les pièces de théâtre qui nous réservent les plus grandes surprises, car nous commandons souvent nos billets longtemps à l'avance et n'avons donc pas l'occasion de lire les critiques dans la presse.

Enfin, il ne faut pas oublier que le fait de donner une note à une oeuvre culturelle est un exercice très difficile. Les niveaux de fatigue et de concentration, par exemple, ont une très grande influence sur la perception que peut avoir une personne d'une pièce de théâtre ou d'un concert. Le fait de pouvoir réécouter un concert, en particulier - album officiel ou enregistrement pirate - est une expérience éclairante, de ce point de vue.

Ce qui manque, somme toute, ce sont des services de recommandations véritablement personnalisés, comme l'explique l'article "Search, discovery and marketing" (merci à @avernet pour le lien). Le concept n'est bien entendu pas nouveau, mais les résultats sont pour le moment assez décevants. Pour être réellement utile, un algorithme de recommandation devrait idéalement être capable de me conseiller un livre en fonction de l'historique des livres que j'ai lus (y compris de l'ordre dans lequel je les ai lus ?), de mon humeur, de mon niveau d'énergie, de mes centres d'intérêts, etc. Bref, de bien des éléments que les algorithmes actuels, encore très naïfs, ne peuvent pas encore prendre en compte.

En attendant mieux, il y a une leçon à tirer de tout cela. En ce sens, les livres sont une métaphore. Ce qui est vrai pour la lecture et les autres activités culturelles que j'ai mentionnées l'est évidemment aussi pour bien d'autres choses : la vie est trop courte pour perdre son temps avec la médiocrité. Cela est valable pour les relations humaines, le travail, les loisirs, la nourriture, etc. Il est important d'avoir des exigences très élevées quant à la manière dont nous utilisons notre temps. Tout en gardant à l'esprit que cela reste un exercice particulièrement délicat et qu'il s'agit par conséquent de ne pas être trop sévère avec soi non plus !

Sunday, March 29, 2015

Vivre à l'hôtel et le minimalisme : 14 semaines plus tard

J'ai vécu durant 14 semaines à l'hôtel, du 27 octobre 2014 au 16 février 2015. Je m'étais déjà exprimé sur le sujet une semaine seulement après avoir emménagé dans notre chambre, pensant que l'expérience ne durerait que quelques semaines tout au plus. Nous étions loin de nous imaginer qu'elle se terminerait plus de trois mois plus tard...

Comme je le mentionnais dans mon dernier article, les éléments qui m'ont le plus rapidement gêné ont été les repas à l'hôtel, répétitifs du fait que je suis végétarien (le soir, surtout), ainsi que l'impossibilité de pouvoir laver nos habits facilement et régulièrement.

Les habits, c'est d'ailleurs quelque chose que je n'avais pas mentionné. Nous en avions suffisamment pour quelques semaines, mais nous n'avions pas prévu de passer les mois les plus froids de l'année hors de chez nous. Certains vêtements nous ont donc un peu manqué.

En dehors de cela, je dois dire qu'il n'y a pas grand-chose, dans la cinquantaine de cartons que nous avions mis en garde-meuble, dont j'aurais vraiment eu besoin. Quelques documents que je n'avais pas eu l'occasion de scanner me viennent à l'esprit. Un téléviseur est aussi plus agréable pour regarder des séries ou des films que l'écran d'un laptop. Et celui de notre chambre d'hôtel ne semblait pas avoir de prise HDMI ou de port USB facilement accessibles, étrangement. Quant à mon vélo elliptique, il m'a également manqué un peu, mais j'ai pu utiliser celui de la salle de sport de l'hôtel. Moins pratique, mais pas non plus trop problématique.

Cela laisse donc songeur... Pourquoi nous embarrassons-nous d'autant de possessions physiques ?

Au risque de me répéter : laissez-moi mon laptop, mon smartphone et ma liseuse, donnez-moi une connexion internet (si possible sans ports bloqués !) et je suis un geek heureux ! Ah, et quelques habits, il est vrai...

Sunday, February 1, 2015

Mémoire Vive (Lausanne) : incitation à des réparations inutiles ?

Il y a huit ans, je donnais un gros "bonnet d'âne" (façon Fédération Romande des Consommateurs) à un magasin d'informatique genevois. Aujourd'hui, j'aimerais en donner un petit à Mémoire Vive, un magasin d'informatique lausannois.

Le 14 janvier 2015, je suis allé déposer mon laptop chez eux, pour un devis, suite à un problème de Wi-Fi. Premier mauvais point : on m'annonce que le devis est payant (90 francs suisses). Ce qui m'étonne, ça n'est pas tellement que le devis n'est pas gratuit (je peux comprendre le principe), c'est qu'on ne me l'ait pas annoncé lorsque j'avais pris contact avec eux. Peut mieux faire au niveau de la communication, mais soit : j'aurais dû y penser.

Deuxième problème : il a fallu quinze jours à Mémoire Vive pour me communiquer un diagnostic et un devis, après plusieurs téléphones de ma part. Anecdote plus ou moins amusante : l'un des symptômes que je leur avais communiqué était que la connexion Wi-Fi de mon laptop s'interrompait complètement au-delà de cinq mètres de distance par rapport à un point d'accès. A un moment, on m'a téléphoné pour me dire que tout allait bien : la connexion Wi-Fi tenait systématiquement plus de "cinq minutes" selon leurs tests...

Troisième problème : Mémoire Vive s'est permis de tester mon disque dur (plutôt positif, a priori), m'a annoncé qu'il fallait le changer, car il arrivait bientôt en fin de vie, et m'a donné le prix du remplacement (pas donné). Après récupération de mon laptop, sans aucune réparation, il y a deux jours, j'ai testé mon disque dur avec plusieurs outils. Un SMART extended self test n'a mis en évidence absolument aucune erreur. J'ai donc demandé des détails à Mémoire Vive, qui m'a simplement répondu : "Nous avions un état smart failed." Pas très loquaces... Nouvelle demande de détails. On me répond que l'outil utilisé pour le test du disque dur est un outil "pro", pas disponible dans le commerce. 

Un outil plus efficace ? Ou un outil découvrant des problèmes qui n'existent pas et profitant financièrement aux réparateurs ?

En l'absence de plus d'informations, j'accorderai le bénéfice du doute à Mémoire Vive. L'erreur est humaine, somme toute. Mais combien de personnes acceptent-elles de changer/réparer des pièces qui fonctionnent encore très bien, sans poser plus de questions ?


Saturday, January 3, 2015

2014 en chiffres

L'exercice est désormais devenu une tradition (voir 2013, 2012 et 2011). Voici donc, pour la quatrième fois, ma revue geek de l'année 2014, en chiffres.

En 2014, j'ai acheté 12 albums (-4)
Tous au format FLAC, sur le magasin en ligne Qobuz. Surtout du jazz, sauf deux albums. L'année passée, j'avais cédé à la tentation des formats HD, en achetant la version 192/24 de Kind of Blue de Miles Davis. Pas en 2014. Je suis désormais quasiment convaincu que l'oreille humaine est incapable de faire la différence avec un bon enregistrement 44.1/16. Mon album de l'année : Blank Project de Neneh Cherry (et, oui, je sais : j'avais également choisi un album de Neneh Cherry en 2012).
En 2014, j'ai acheté 1 appareil photo
Il s'agit d'un appareil photo compact : un Sony Cyber-Shot DSC-RX100, pas très récent (2012), mais du coup pas trop cher. C'est le premier appareil photo que j'achète depuis 2008. Une éternité, dans le monde de la technologie ! Ces dernières années, j'ai essayé d'appliquer le concept "good enough" à la photographie et j'ai le plus souvent réussi à me contenter des photos prises par mes smartphones. Evidemment, la qualité est encore loin de celle obtenue avec un reflex, mais, pour faire de la "photo souvenir", elle suffit amplement.
En 2014, j'ai écrit 9 articles sur mon blog (-2)
Mon blog n'est toujours pas ce que j'aimerais qu'il soit. Il faudrait que j'écrive plus souvent, que j'écrive mieux, que j'écrive plus "utile".
En 2014, j'ai atteint les 11 buts annuels que je m'étais fixés
Je me donne des buts annuels au début de chaque année depuis plus de 4 ans maintenant. En 2014, j'avais placé la barre légèrement plus bas qu'en 2013. Le but est de se motiver, pas de se culpabiliser !
En 2014, j'ai archivé 333 CD-R / DVD-R (+198)
C'est un projet en cours depuis des années. J'ai des centaines de supports contenant des données plus ou moins personnelles à numériser ou transférer sur mon système de stockage centralisé (un Drobo, backupé en ligne et sur un autre disque externe, stocké "off-site"). Le but est de stocker tous ces supports sur ce système, puis de m'en débarrasser, pour gagner de la place (physique). J'ai commencé par les types de supports les plus faciles à transférer. Il me restera ensuite des formats plus exotiques, tels que des cassettes DAT, des MiniDisc, etc.
En 2014, j'ai vu 12 concerts (dont 10 dans des festivals) (-1)
2014 a été pour moi l'occasion de retourner au Cully Jazz Festival, auquel je suis plus ou moins fidèle depuis 1999. Je ne suis par contre retourné ni au festival JazzOnze+ ni au Paléo Festival. Je n'ai pas vu de concerts aussi "mythiques" qu'en 2013 (Prince à Montreux), mais j'ai tout de même vécu de très beaux moments musicaux (à nouveau du jazz, essentiellement) : Ahmad Jamal et Avishai Cohen, mais aussi et surtout Prism / Dave Holland, John Scofield et Yaron Herman / David Greilsammer.
En 2014, j'ai suivi 2 cours sur Coursera (-1)
En 2013, j'avais suivi 3 cours, mais 1 seul "en direct", avec certificat d'accomplissement. En 2014, j'ai suivi 1 cours en moins, mais ai obtenu des certificats d'accomplissement pour les 2 cours suivis : "Unpredictable? Randomness, Chance and Free Will" (un cours un peu étrange mêlant informatique, physique et philosophie) et "Machine Learning" (le cours, très instructif, d'Andrew Ng, un des fondateurs de Coursera).
En 2014, j'ai eu 1 crash de disque dur (+1)
Le premier depuis 2011. Sans perte de données, heureusement. J'en ai profité pour remplacer le disque dur de mon laptop par un disque SSD.
En 2014, j'ai fait 66 sessions de crosstrainer (24 heures au total) (+19)
Fin 2013, j'avais décidé d'organiser ma journée différemment, pour pouvoir faire plus de sport et méditer plus. Le but a été atteint.
En 2014, j'ai reçu (resp. envoyé) 18379 (resp. 3442) emails (+2164 / +180)
J'arrive toujours à un état "inbox zero" plusieurs fois par semaine, malgré plus de 50 mails reçus par jour en moyenne. Difficile de ne pas se demander combien de ces emails ont été monitorés par la NSA...
En 2014, j'ai vu 6 expositions, dont 4 dans des musées à l'étranger (+0)
J'ai surtout été marqué par la Galleria degli Uffizi à Florence, mais aussi par le Musée des Beaux-Arts à Montréal. De très beaux musées dans lesquels je me "perdrai" volontiers à nouveau dans quelques années. Plus près d'où j'habite, je suis allé  voir des expositions dédiées à Renoir (à Martigny) et, dans un autre registre, à Gotlib (à Lausanne).
En 2014, j'ai vu 47 films (dont 23 au cinéma) (+25)
En 2014, nous avons terminé de regarder les filmographies (longs-métrages) de Wes Anderson (6 films, sur un total de 8) et Hayao Miyazaki (5 films, sur un total de 11), regardé 3 films des frères Coen (il nous en reste 3 pour terminer leur filmographie) et 2 avec Robin Williams, suite à son décès (Good Will Hunting et The Fisher King). Nous avons eu la chance d'assister à une projection du Kid de Chaplin, organisée par la Cinémathèque suisse, avec un orchestre de 50 musiciens. Cela faisait 6 ans que nous n'étions par retournés au Capitole, salle mythique de Lausanne. Nous avons également regardé 14 films du top 250 d'IMDb (une source d'inspiration lorsqu'il s'agit de trouver de bons films à regarder - mais ça ne marche pas toujours...). Ma sélection pour 2014 : The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson, Her de Spike Jonze et Boyhood de Richard Linklater.
En 2014, j'ai passé 8 semaines à l'hôtel
Cela continuera encore un moment en 2015. Pas trop longtemps, je l'espère. J'écrirai plus longuement sur le sujet dans quelques mois, mais, en résumé, nous avons acheté un appartement. L'entreprise générale a pris énormément de retard. Nous avons dû quitter notre ancien appartement. Nous nous sommes donc retrouvés sans logement.
En 2014, j'ai utilisé le même laptop pour la 6e année consécutive
En fait, je triche un peu. Oui, je n'ai pas acheté de nouveau laptop depuis 2008, mais il se trouve que mon laptop a été complètement changé sous garantie en 2011 (et, donc, remplacé par un modèle de 2011). Je suis néanmoins assez fier : il y a 10 ou 15 ans, j'aurais difficilement résisté à la tentation de changer mon laptop chaque 2 ans. Même chose pour mon smartphone : j'utilise encore un iPhone 5 de 2012 (mais je pense que j'aurai de la peine à résister à une petite mise à jour matérielle en 2015...).
En 2014, j'ai lu 11 livres (dont 3 de fiction) (+0)
Soit environ 878'263 mots ou 3'266 pages. Pas mal de lectures sérieuse et/ou philosophiques : Consciousness: Confessions of a Romantic Reductionist de Christof Koch, The Brain and the Meaning of Life de Paul Thagard, A Manual for Creating Atheists de Peter Boghossian, Waking Up: A Guide to Spirituality Without Religion de Sam Harris et The Fear of Insignificance: Searching for Meaning in the Twenty-First Century de Carlo Strenger. Quelques lectures décevantes (The Now Habit de Neil A. Fiore) ou très décevantes (L'Alchimiste de Paulo Coelho), mais aussi et heureusement quelques lectures de qualité et très enrichissantes, dont un livre que m'avait offert mon frère il y a plus de 10 ans (?), Cosmos de Carl Sagan ; un classique, La Peste d'Albert Camus ; et un recueil que j'avais commencé il y a de nombreuses années, The Collected Short Stories of Roald Dahl. Enfin, un livre lié à mon langage de programmation favori : Play for Scala (Play est un framework web que nous utilisons à mon travail).
En 2014, j'ai médité 149 fois (50 heures au total) (+38)
Soit une fois chaque 2-3 jours en moyenne. Comme pour le crosstrainer, le fait de méditer plutôt le matin au lieu du soir m'a aidé à pratiquer cette activité plus souvent. J'utilise toujours l'application/programme Headspace, que j'apprécie vraiment. La lecture de Waking Up de Sam Harris a très légèrement élargi mes horizons, sans toutefois changer ma pratique, pour l'instant.
En 2014, j'ai écouté 3795 morceaux de musique (-243)
Toujours aucune surprise quant à mon choix de musiciens. Parmi mon trio d'idoles musicales, il semblerait que j'aie toutefois oublié l'année passée d'écouter Keith Jarrett. Je ne sais pas pourquoi. Jolie surprise cet automne : Prince a sorti ses deux premiers albums depuis 2010 (Art Official Age et PlectrumElectrum). Rien d'exceptionnel, mais tout de même quelques jolies perles, comme d'habitude.
En 2014, j'ai vendu, donné ou recyclé 71 objets (+43)
Motivé par l'idée de notre déménagement, je me suis débarrassé d'une grande quantité d'objets devenus inutiles.
En 2014, j'ai croisé 1 orignal/élan de près
Cet original, rencontré sur un chemin du parc national de la Gaspésie, m'a contourné soigneusement, à 2-3 mètres de distance. Heureusement, il s'agissait d'une femelle, qui semblait habituée aux êtres humains. S'il s'était agi d'un mâle, j'aurais probablement été en danger, ces animaux imposants pouvant se montrer agressifs. Ce voyage au Québec nous a permis de voir d'autres animaux très impressionnants dans leur habitat naturel (baleines bleues, baleines à bosse, bélugas, etc.).
En 2014, j'ai vu 10 pièces de théâtre (+6)
Dont quelques pièces très connues : Un mari idéal d'Oscar Wilde, Richard III de Shakespeare, La Double Inconstance de Marivaux et Macbeth de Shakespeare également. 2014 a été l'occasion pour nous de retourner au Pulloff de Lausanne. Nous n'y étions pas allés depuis 2008 et avons bien l'intention d'y retourner en 2015 (les billets sont déjà réservés !). Si je devais choisir une pièce qui m'a plus touché, je choisirais Un mari idéal d'Oscar Wilde, mis en scène par Pierre Bauer, au Théâtre Kléber-Méleau.
En 2014, j'ai fait 7737 photos (-411)
Avec, à nouveau, une légère tendance au mitraillage durant mes voyages, que je regrette toujours un peu par la suite (je n'ai toujours pas trié nos photos du Québec et de Florence, par exemple).
En 2014, j'ai fait 4 randonnées en montagne (+0)
Une activité que j'apprécie autant à plusieurs que seul. Elle s'apparente alors un peu à une sorte de "méditation en mouvement".
En 2014, j'ai eu 3 rhumes (-2)
C'est moins que d'habitude, mais les symptômes durent en général très longtemps, ce qui est handicapant. Quelques visites chez un spécialiste au HUG (Genève) m'ont donné une piste et de l'espoir, mais je constate qu'il n'y a pas de miracle. J'espère toujours qu'un traitement efficace pourra être trouvé un jour.
En 2014, j'ai découvert et regardé régulièrement 14 séries télévisées (+13)
Après la fin de How I Met Your Mother et Arrested Development, nous avons eu envie de découvrir de nouvelles séries, actuelles ou anciennes. Parmi les 14 séries que nous avons commencé à regarder, j'apprécie tout particulièrement Bob's Burgers (une sorte de Simpsons plus irrévérencieux), Episodes (avec Matt LeBlanc jouant le rôle de... Matt LeBlanc), Moon Boye (avec Chris O'Dowd, qui jouait dans The IT Crowd) et Silicon Valley (une série sur le monde des startups californiennes, oscillant entre le réalisme et la caricature). Nous avons également regardé The Spoils of Babylon, une mini-série très décalée avec Tobey Maguire, ainsi que 5 séries annulées après 1 ou 2 saisons, dont Go On et Mr. Sunshine, avec Matthew Perry, à qui le retour aux séries comiques semble moins réussir qu'à Matt LeBlanc, qui revenait pourtant de loin.
En 2014, j'ai publié 2343 tweets (+1215)
C'est environ le double du nombre de tweets que j'ai publiés en 2013. Cette augmentation est très probablement due à mon pseudo-boycott de Facebook depuis janvier 2014, une expérience dont je parlerai un peu plus en détail prochainement.
En 2014, j'ai voté 4 fois (+0)
Autrement dit, chaque fois que des votations fédérales ont eu lieu en Suisse. On ne plaisante pas avec la démocratie directe helvétique. :)
En 2014, j'ai fait 4 voyages/séjours, dont 3 à l'étranger (-2)
Nous sommes entre autres retournés au Québec, 10 ans après notre premier voyage dans cette région, et avons découvert une ville absolument incontournable, Florence, que nous n'avions étrangement pas encore visitée.