Tuesday, March 29, 2016

Un superordinateur dans ma poche

Chaque jour, au travail, je passe devant un vieux Cray-1S/2300 (arrivé à l'EPFL en février 1986, après trois ans d'utilisation à EDF), d'une puissance de calcul de 160 MFLOPS. Comme beaucoup de monde, avec l'habitude, j'ai plutôt tendance à le percevoir comme un obstacle au milieu du passage, que je dois contourner.

Ce que j'ai tendance, parfois, à oublier, c'est que j'ai un appareil huit fois plus puissant  entre les mains, dans mon sac ou dans ma poche : mon iPhone 6s Plus (1300 MFLOPS), qui a remplacé en 2015 mon iPhone 5, acheté en 2012, qui était devenu complètement inutilisable à cause d'un écran défectueux.

La comparaison en termes de puissance de calcul est imparfaite. Un Cray-1 est une machine très volumineuse (voir photo - il est possible de s'en servir comme banc) et essentiellement destinée à du calcul "pur". Un iPhone, avant d'être un ordinateur capable d'effectuer plus d'un milliard d'opérations numériques par seconde, est pour la plupart des gens un téléphone, un appareil photo, un caméscope, un baladeur numérique, un GPS, etc. La différence est flagrante.

La différence entre mon iPhone 6s Plus actuel et mon ancien iPhone 5, quant à elle, est définitivement plus subtile, plus incrémentale. Je crois que si l'écran de mon iPhone 5 avait tenu le coup, je n'aurais pas changé de smartphone aussi "tôt" (après seulement trois ans).

Malgré tout, je dois admettre que l'écran plus grand, le processeur plus rapide, l'appareil photo de meilleur qualité, entre autres, sont des améliorations très agréables et je supporterais difficilement un retour en arrière.

Il s'agit de changements progressifs, donc, mais il n'y a pas de doute : à force d'avoir des smartphones avec des écrans de plus en plus grands, des tablettes avec des écrans de plus en plus petits, des montres de plus en plus "intelligentes", des laptops de plus en plus légers, la frontière devient de plus en plus floue entre les différents types d'appareils que nous utilisons.

Cela est devenu particulièrement manifeste dans la gamme d'Apple, avec l'apparition de l'iPad Pro à la fin de l'année passée. Les similitudes entre un MacBook Air et un iPad Pro, d'une part, mais aussi entre un iPad Mini et un iPhone Plus, d'autre part, sont importantes. C'est la première fois depuis longtemps que la ligne de produits d'Apple est aussi "incompréhensible" à mes yeux. L'apparition de Microsoft Office sur iPad amplifie encore ce sentiment général.

Si je parle des produits Apple, ça n'est pas parce que je les considère comme des précurseurs, mais, au contraire, parce que si cette frontière floue dont je parle est devenue évidente chez Apple, c'est qu'on a bien affaire à un phénomène global, à quelque chose de définitivement ancré dans la réalité du marché. Il y a déjà bien longtemps que d'autres constructeurs ont entamé ce processus, comme Microsoft avec sa "tablette hybride" Surface, pour ne citer qu'eux.

Ce que l'on peut encore noter est que cette évolution ne concerne pas que les laptops, les tablettes et les smartphones, mais aussi de plus en plus d'autres appareils, comme les télévisions, montres ou lunettes "intelligentes" (smart TVsmartwatch et smartglass, en anglais). Et, en toile de fond, la vieille idée d'Internet of Things (IoT) est en train de passer du concept à la réalité...

Nous vivons une époque vraiment excitante.

Au risque de passer pour un dinosaure, à la fin des années 1990, comme tout geek qui se respecte, il m'arrivait régulièrement de déplacer mon PC (qui devait peser entre 10 et 15 kilos) entre ma chambre d'étudiant et la maison de mes parents, pour les week-ends et les vacances. Lorsque j'ai acheté mon premier laptop, en 2008 (un MacBook Pro), cela a donc vraiment été une révolution, pour moi.

Huit ans plus tard, le laptop (15 pouces) reste pour moi un compromis idéal. Je peux l'utiliser chez moi, le bouger entre les différentes pièces de mon appartement, le prendre en week-end, etc.

Je n'ai encore jamais vraiment ressenti le besoin de posséder une tablette, mais j'entrevois quelques cas d'utilisation qui pourraient être intéressants et pour lesquels un smartphone, même grand, ne conviendrait pas (BDs électroniques, livres avec illustrations, voyages en avion, etc.).

L'année passée, j'ai tenté l'utilisation d'un clavier Bluetooth en voyage, pour la rédaction de mon carnet de bord sur mon smartphone. Je tiens à jour un journal intime depuis 1993 et les voyages ont toujours été un moment problématique. Au début, je rédigeais naturellement mon journal sur des feuilles de papier (c'est la solution la plus simple à implémenter, la plus évidente). Puis, depuis plus de cinq ans, je me suis mis à utiliser mon smartphone. Le problème, c'est que les voyages sont des moments souvent intenses, où il se passe beaucoup de choses et, en même temps, ce sont aussi des instants où le temps est précieux. Le clavier virtuel de mon smartphone, fondamentalement lent, a donc toujours été frustrant. L'utilisation d'un clavier physique, plus encombrant, m'a permis de passer moins de temps à écrire.

Et c'est là l'un des défis auxquels doivent faire face les constructeurs, à mon sens : trouver des solutions innovantes pour que taper du texte sur des appareils tels que les smartphones devienne enfin une expérience agréable. C'est peut-être un signe de mon âge, mais je ne pense pas : depuis l'achat de mon premier smartphone il y a sept ans, je n'ai jamais réussi à m'habituer aux claviers virtuels ; même sur l'écran plus grand de mon iPhone 6s Plus, il m'arrive régulièrement de faire des fautes de frappe à répétition.

Il est certain que la majorité des gens consomment l'information plutôt que de la produire, mais la création de contenu sur smartphone ou sur tablette reste un cas d'utilisation beaucoup trop important pour le négliger. Ne l'oublions pas : ce sont bien des superordinateurs que nous avons dans nos poches. Il serait vraiment dommage de s'en servir uniquement de manière passive...

Nous avons besoin de nouveaux paradigmes. La reconnaissance vocale est une approche prometteuse, mais qui ne répond pas totalement au problème, pour des raisons évidentes. La technologie Continuum de Microsoft, permettant, entre autres, de brancher clavier, souris et moniteur sur un smartphone, est un pas dans la bonne direction.

Je suis curieux de voir ce que ces prochaines années nous réservent !

Monday, March 7, 2016

Elon Musk on education

I've only recently watched "A Conversation with Elon Musk", with Salman Khan, founder of the Khan Academy. It's a video from 2013, so this is nothing new, but I really like Elon Musk's take on education (rough transcription):
"The analogy I sometimes use is: have you seen Batman, the Chris Nolan movie, the recent one? It's pretty freaking awesome. You've got incredible special effects, great script, multiple takes, amazing actors, and great sound. It's very engaging. But if you were to instead say, OK - even if you had the same script, so at least it's the same script. And you said, OK, now that script, instead of having movies, we're going to have that script performed by the local town troop. So in every small town in America, if movies didn't exist, they'd have to recreate The Dark Night. With like home-sewn costumes. And like jumping across the stage. And not really getting their lines quite right. And not really looking like the people in the movie. And no special effects. And I mean that would suck. It would be terrible. That's education."
It's funny. And the metaphor really works.