Tuesday, December 31, 2024

Intelligence artificielle générale : sommes-nous prêts ?

Jusqu'à récemment, j'ai toujours eu une attitude positive par rapport à la technologie en général et l'intelligence artificielle en particulier, mais, depuis quelques temps, j'ai un peu plus de peine à maintenir cet enthousiasme.

Au tout début des années 2000, durant mon master en informatique, je me suis passionné pour l'intelligence artificielle, ce qui m'a amené à suivre quatre cours consacrés à ce domaine, dont un, appelé "réseaux de neurones artificiels", que j'ai trouvé absolument fascinant. Cela a été l'occasion pour moi de me familiariser avec les concepts fondamentaux du machine learning, tels que backpropagation, gradient descent, reinforcement learning, etc. Pour moi, il était évident que tout cela, "c'était l'avenir".

Quelques années plus tard, en 2004, j'ai découvert Ray Kurzweil et sa vision très positive de la technologie et de l'avenir. Le progrès technologique est exponentiel. L'intelligence artificielle atteindra un jour le niveau de l'intelligence humaine (intelligence artificielle générale), puis le dépassera. Un peu plus tard, nous assisterons à une explosion d'intelligence. A partir de ce point historique, il est impossible de prédire ce qui va se passer. C'est ce que l'on appelle la singularité technologique. Et, point très important : tout cela arrivera dans les décennies prochaines !

A l'époque, le point de vue de Kurzweil était en avance sur son temps, mais il me semblait fondamentalement plausible. L'idée selon laquelle il serait impossible à l'être humain de produire une intelligence artificielle et de construire des machines capables de réaliser toutes les tâches humaines m'a toujours semblé incohérente. Un énième cas d'anthropocentrisme myope.

Depuis quelques années, les progrès fulgurants s'enchaînent. Les large language models (LLM) ont complètement changé la donne. A l'heure où j'écris ces lignes, il est possible de générer des vidéos de qualité à partir d'une simple description textuelle (modèle Veo 2 de Google). J'utilise Claude d'Anthropic au quotidien, pour m'assister dans mes tâches personnelles et professionnelles, comme alternative ou complément aux moteurs de recherche, pour m'aider à prototyper certaines tâches, etc.

En gros, Kurzweil avait raison et on vit une époque formidable.

Je ne peux toutefois pas me débarrasser d'un sentiment désagréable. Il s'agit de quelque chose d'un peu diffus. Le sentiment que "quelque chose de grave pourrait bientôt arriver". Difficile de mettre le doigt précisément sur le problème.

Tout d'abord, il y a ce sentiment que les choses se passent plus vite que prévu. Il y a 20 ans,  la singularité technologique, c'était pour 2045, donc 40 ans dans le futur. Une éternité, autrement dit. Maintenant, il ne se passe quasiment pas un mois, une semaine, sans qu'une percée ne soit réalisée.

Il y a aussi l'actualité préoccupante : les guerres, la montée du populisme, etc. L'humanité n'est tout simplement pas prête, intellectuellement, moralement, à faire face à l'intelligence artificielle générale. Il y a beaucoup trop de bêtise ambiante, d'ignorance, de violence, un peu partout. Il y a 20 ans, à nouveau, j'étais loin de penser que nous en serions là aujourd'hui.

Ensuite, il y a des craintes très concrètes, basiques, par rapport aux mauvaises utilisations de l'intelligence artificielle. Celle-ci pourra être utilisée pour accélérer la recherche scientifique, trouver de nouveaux médicaments, etc., mais elle pourra aussi l'être pour créer des armes plus puissantes que jamais (pensez par exemple à des drones plus puissants, plus petits, plus rapides) ou pour concentrer encore plus les richesses entre les mains d'une minorité.

La perte de sens, enfin et surtout : si une machine peut réaliser "en un clic" tous les projets, toutes les tâches de ma to-do list, quel sens puis-je encore donner à ma vie ? Les tâches manuelles n'échapperont pas non plus très longtemps à cette automatisation. Si on en parle moins, les progrès dans le domaine de la robotique finiront bien par rattraper ceux du domaine de l'intelligence artificielle à proprement parler. Nous sommes déjà entourés de robots plus ou moins primitifs, certains immobiles, d'autres non : lave-vaisselle, lave-linge, aspirateur robot, robots-tondeuses, robots ménagers, etc. A l'avenir, nous accueillerons forcément parmi nous des robots plus généralistes, capables, à nouveau, de réaliser toutes nos tâches.

Tout cela aussi et dans un contexte où la majeure partie des gens ne semble pas réaliser ce qui est en train de se passer. Il n'y a pas de véritable débat de société. On ne réfléchit pas vraiment à la direction que nous voulons prendre collectivement. Tout le monde est accaparé par son quotidien. Par la politique. Par les réseaux sociaux. Etc.

C'est peut-être le contrecoup de la grippe qui me fait voir les choses de manière aussi sombre. Je ne sais pas.

La peur de l'incertitude, également ? Comme le dit Sam Harris depuis des années, nous faisons face à un risque existentiel. L'intelligence artificielle peut complètement nous détruire. Ou alors nous garantir une prospérité presque sans limite. A l'heure actuelle, je ne sais pas vers quelle issue nous nous dirigeons.

Sunday, December 29, 2024

Grippe

La première fois de ma vie que j'ai eu la grippe, a priori, c'était en décembre 2019, il y a 5 ans. Les choses ont suivi à peu près le même schéma, en 2019 comme en 2024. Au mois de novembre, j'ai fait le vaccin contre la grippe, comme chaque année. Au mois de décembre, mon fils est tombé malade (fièvre, fatigue, etc.). Au bout de plusieurs jours de maladie, nous avons consulté un pédiatre. Cette année en tout cas, celui-ci nous a dit qu'il s'agissait très probablement du virus de la grippe. Et quelque jours plus tard, c'était à mon tour de tomber malade (fièvre, forte fatigue, etc.).

Ce qui me frappe à nouveau, ce ne sont pas les quelques jours les plus pénibles, où la fièvre et la forte fatigue empêchent toute activité ou presque (le travail, en particulier), mais toute la période d'après, le contrecoup, durant lequel je ressens beaucoup de fatigue, presque en permanence. Début 2020, j'ai mis des semaines à m'en remettre. Cette année, j'espère que cela durera moins longtemps, mais pour le moment, ça n'est pas gagné. Mes nuits sont perturbées. Mon nez est irrité. Je tousse. La fatigue est bien là. Pire que cela, certains jours, heureusement derrière moi, il y a même eu de la déprime comme j'en ai rarement connu.

Bref, la grippe, je n'aime pas. 

Il faut noter que l'efficacité du vaccin contre la grippe varie énormément selon les années et les personnes, entre 20% et 80%, apparemment. Toutefois, vu les symptômes qu'impliquent ce virus, je continuerai à me faire vacciner chaque année. Toute baisse de probabilité d'attraper cette calamité est bonne à prendre.

Saturday, December 28, 2024

Ecrire sur n'importe quoi

Mon dernier article date de 2022. Depuis, j'ai commencé à écrire 8 articles, tous à l'état de brouillon, mais je ne suis pas parvenu à en finaliser un seul. Toujours pour les mêmes raisons. Ça n'est pas assez original. Pas assez intéressant. Pas assez utile. Je n'ai pas le temps. Je n'ai plus la motivation initiale. Etc, etc.

Je me suis longtemps dit que pour créer à nouveau une inertie, il me suffisait d'écrire sur n'importe quoi. Forcément, je me suis mis des barrières. Écrire sur n'importe quoi, ça n'est pas très original. Pas assez intéressant. Pas assez utile. Et puis, je n'ai pas le temps. Même 20 minutes.

Alors je me lance. Un peu comme lorsque notre professeur de français, il y a 32 ans, nous demandait, chaque semaine, de prendre une feuille et d'écrire... n'importe quoi. Il fallait remplir en tout cas une demi-page, Je ne sais plus. Peut-être une page. L'exercice était libérateur. Il n'y avait pas de note, donc moins de contrainte. Pas besoin d'être utile. Ou intéressant. Alors on écrivait. Parfois, on parlait de la page blanche (un classique). Parfois, on arrivait à être plus original. Et, oui, parfois, il m'arrivait même d'être assez fier du résultat.

C'était il y a plus de 30 ans. Ce professeur a depuis mal tourné. Il s'est lancé dans la politique. Il défend des idées qui ne sont pas les miennes. Mais son exercice d'écriture libre, c'était une bonne idée. Comme quoi, même les gens qui ont de mauvaises idées peuvent aussi en avoir de bonnes. L'espoir est permis.

L'espoir, c'est important. Il me semble me souvenir que Sam Harris disait que l'espoir, ça n'est pas une bonne chose, parce que ça revient à vouloir que les choses soient autrement que ce qu'elles sont. Une sorte de déni de réalité. Alors parlons plutôt d'optimisme : penser que les choses ne sont finalement pas si mal, que les gens ont de bons côtés, que si les choses semblent aller mal, c'est qu'on n'a peut-être pas fait le tour de toute la question.

Oui : restons optimistes.

Friday, December 30, 2022

4 mois sans me tenir au courant de l'actualité

Je souffre d'anxiété depuis des décennies. Avec le temps, j'ai appris à vivre avec (méditation, sport, gestion du sommeil, psychothérapie, etc.). Cette année, toutefois, mes outils habituels n'ont pas suffi. Entre la guerre en Ukraine, la crise énergétique, la crise climatique et les nouvelles négatives habituelles, je me suis senti à un moment un peu dépassé.

Au mois d'août, durant une discussion avec un de mes collègues, j'ai réalisé l'absurdité de la situation : chaque jour, je lisais des articles anxiogènes concernant des situations que je ne pouvais en rien influencer. Un déclic a eu lieu. En présence de mon collègue, je me suis désabonné de toutes les sources d'actualité que je suivais (essentiellement via Feedly, un aggrégateur de flux RSS). Comme je ne suis abonné à aucun journal, que je ne regarde pas la télévision (et, donc, les journaux télévisés) et que je ne fréquente quasiment plus les réseaux sociaux, je me suis donc trouvé d'une minute à l'autre virtuellement coupé de l'actualité.

J'ai agi comme sur un coup de tête, mais cela faisait en réalité des années que j'y songeais. J'avais déjà lu et entendu d'innombrables fois que notre relation à ce qui se passe dans le monde n'est pas saine, que la quantité d'informations que nous consommons en permanence par rapport à ce qui se passe autant à quelques minutes de chez nous qu'à des milliers de kilomètres a une incidence négative sur notre santé mentale.

Quelques mois auparavant, en mai 2022, je m'étais même abonné à la newsletter Suisse Good (pour "faire le plein d’infos locales et positives"). Mais il ne suffit pas de lire quelques bonnes nouvelles pour compenser le torrent de mauvaises nouvelles dont on nous assène en permanence.

Je ne me rappelle pas exactement du moment où ma relation à l'actualité a changé. Je me souviens toutefois vaguement d'une discussion avec d'autres collègues, en 2011, qui m'avaient alors avoué ne pas du tout suivre l'actualité. A l'époque, cela m'avait presque choqué. J'ai toujours pensé que le fait de se tenir au courant de ce qui se passe dans le monde relève de la responsabilité citoyenne. On ne peut pas prendre de bonnes décisions, en particulier dans un pays qui pratique la démocratie directe tel que la Suisse, sans "savoir ce qui se passe".

Onze ans plus tard, je ne sais toujours pas quelle est la bonne solution. Il ne me paraît en tout cas pas nécessaire de se plonger quotidiennement, voire tout au long de chaque journée, dans l'avalanche d'informations et de détails dont les médias et réseaux sociaux nous gavent continuellement Chaque deux jours alors ? Chaque semaine ? Je ne suis pas sûr que cela ait beaucoup plus de sens.

Pour les votations suisses, il est possible de s'intéresser spécifiquement aux sujets soumis au peuple le moment venu, par exemple en suivant des débats. Pas besoin d'actualités pour cela. J'ai donc l'impression de jouer mon rôle de citoyen correctement.

Pour ce qui est des sujets qui m'intéressent de manière spécifique (musique, science, astronomie, etc.), je suis de toute manière des sources d'informations ou des forums / groupes de discussion spécialisés. Je l'ai toujours fait et continue à le faire. Même plus qu'avant, en fait.

Ensuite, les informations importantes remontent forcément jusqu'à moi, que ce soit par la famille, les amis ou les collègues. Alors, oui, cela ne marche que si toutes ces personnes n'agissent pas comme moi, j'en suis bien conscient, mais, pour l'instant, cela marche bien.

Quoi qu'il en soit, il est difficile d'établir un lien de cause à effet de manière certaine, mais j'ai l'impression que cette "cure de désintoxication" a un effet bénéfique sur moi. Il m'arrive très occasionnellement (une fois chaque 2-3 semaines peut-être) de parcourir un journal, par exemple chez mes parents ou dans un café, et cela ne provoque pas de stress particulier en moi. C'est plutôt bon signe.

Est-ce que je ressentirai à nouveau le besoin de me tenir informé beaucoup plus fréquemment de l'actualité ? Difficile de le dire. Pour le moment, je vais continuer l'expérience, probablement encore quelques mois. L'idéal serait peut-être une source d'informations moins "temps réel", avec un recul de plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Peut-être un podcast ? Si vous avez des suggestions, je suis preneur.

Saturday, May 28, 2022

Un mois sans alcool et caféine

Durant quatre semaines, au mois de février 2022, je me suis complètement abstenu de consommer de l'alcool et de la caféine.

Cela faisait longtemps que j'y pensais, autant pour l'alcool que pour la caféine. J'ai finalement décidé de combiner deux expériences en une, ce qui m'a permis de voir ce que pouvait être ma vie sans la moindre substance psychotrope. C'est une manière de présenter les choses peut-être un peu sensationnaliste, mais, en même temps, l'alcool et la caféine agissent effectivement sur le système nerveux central et je suis régulièrement étonné de constater à quel point la plupart des gens avec qui j'ai pu en discuter consomment ces substances, même à dose modérée, comme si elles étaient parfaitement anodines.

Or, ça n'est pas le cas. Pour l'alcool, cela fait des années maintenant qu'il est plus ou moins clair dans mon esprit qu'il n'y a pas le moindre effet bénéfique sur la santé. Au contraire, durant longtemps, on a pensé qu'une consommation modérée d'alcool pouvait être meilleure pour la santé qu'une abstinence totale, mais il se trouve que cette conclusion est probablement erronée et que les études qui pouvaient le laisser penser étaient mal conçues. Par exemple, certaines d'entre elles ne distinguaient pas du tout les sujets qui n'ont jamais bu la moindre goutte d'alcool de leur vie et ceux qui sont devenus abstinents suite à des problèmes de santé (dépendance ou autre).

Je ne suis pas un grand consommateur d'alcool. Il m'arrive régulièrement de ne pas en boire durant des semaines. Mais il y a aussi des périodes (fêtes, repas, etc.) où je réalise que je dépasse facilement mes limites personnelles qui, à mon âge et à mon poids actuels, se situent à peu près à deux verres de vin, je dirais. Autrement dit, comparé au reste de la population, il serait excessif de dire que je fais des abus, mais un troisième, voire quatrième verre de vin sur plusieurs heures, me rappelle assez vite les inconvénients de l'alcool : somnolence en pleine journée, sommeil perturbé, etc. Parfois, je sens que je peux même devenir un peu plus agressif si l'on me lance sur des sujets sensibles.

Pour la caféine, le problème est tout autre. Au contraire de l'alcool, je suis de plus en plus convaincu que le café est bon, voire excellent, pour la santé. Je tiens d'ailleurs à jour un "journal de santé" dans lequel je note quotidiennement un certain nombre d'informations, dont ma consommation de caféine. Je crois que je l'ai toujours su intuitivement, mais j'ai réalisé en début d'année, en le vérifiant formellement : je consomme de la caféine tous les jours, presque sans exception. Les jours où je n'en consomme pas, c'est parce que je suis malade. Je crois donc pouvoir dire sans trop exagérer qu'avant février 2022, j'ai dû consommer de la caféine quotidiennement ou presque depuis une vingtaine d'années en tout cas.

Et je réalise du coup que je ne me souviens plus lorsque j'ai commencé à boire du café. Durant mes études universitaires ? Probablement. Ce qui est certain, c'est que cette boisson fait complètement partie de ma vie et je voulais voir quelle emprise elle avait sur moi. 

Une motivation secondaire pour mon expérience a été le concept d'inconfort volontaire du stoïcisme (que je pratique aussi sous forme de douche froide, etc.). L'idée est de régulièrement se priver de quelque chose que l'on apprécie pour mieux résister aux aléas naturels de la vie.

Durant quatre semaines, je n'ai donc consommé ni café, ni thé, ni vin, ni bière. J'ai évité également les boissons ou nourritures pouvant contenir de la caféine, comme le kombucha ou le chocolat. Concernant ce dernier point, je dois avouer que, sur la fin, j'ai fait quelques (petites) exceptions...

Durant les premières semaines, je me suis aussi astreint à ne consommer ni café décaféiné ni bière sans alcool, pour mieux comprendre comment ces boissons interviennent dans ma vie en tant que rituels.

En dehors de cela, j'ai essayé de vivre comme auparavant, de faire la même quantité de sport, de dormir aux mêmes heures, etc.

La première semaine a été la plus difficile. J'ai été victime des symptômes de sevrage de la caféine les plus courants : maux de tête, fatigue, anxiété et symptômes dépressifs. Les maux de tête n'ont duré que deux jours. La fatigue a duré plus longtemps. Il m'est arrivé d'avoir envie de faire une sieste en début d'après-midi, ce qui ne m'arrive à peu près jamais sans avoir bu d'alcool. Les symptômes mentaux (anxiété et dépression) ont duré à peu près toute la première semaine. La deuxième semaine a été ensuite nettement plus facile à vivre.

Je ne vais pas m'étendre sur les explications biologiques de ces effets apparemment spectaculaires. Je préciserai juste que les symptômes ci-dessus ne sont pas juste "psychologiques". On n'a pas affaire à un simple effet nocebo. Pour ce qui est des maux de tête, cela est dû à l'effet vasoconstricteur de la caféine. Suite à un arrêt abrupt et complet, il y a donc une phase de rééquilibrage qui doit s'opérer et qui entraînent ces effets relativement intenses. Même chose pour les symptômes anxieux et dépressifs, comme la caféine a un effet sur certains neurotransmetteurs tels que la dopamine. J'imagine aisément que l'équilibre subtil entre tous les neurotransmetteurs étant perturbé, le corps met un moment à retrouver ses marques.

Je mentionnais plus haut l'idée du rituel et j'ai pu m'apercevoir à l'occasion de certains repas de famille à quel point l'alcool et la caféine faisaient partie de nos habitudes : vin blanc à l'apéritif, vin rouge durant le repas et café avec le dessert. C'est surtout le fait de voir les gens autour de moi boire du vin et du café qui a rendu l'exercice un peu plus difficile.

J'ai réalisé que j'étais aussi très attaché au rituel du café au quotidien. Avant de réintroduire le café décaféiné à la troisième semaine, j'ai consommé à la place des tisanes et de la chicorée. Question goût, ça n'est pas complètement mauvais, mais cela ne fait pas illusion. Ce qui ne fait pas non plus illusion, c'est le café décaféiné, que je consomme en général assez peu : le goût est différent, bien entendu, mais il est clair que mon corps est conditionné et "attend" un effet différent, une stimulation, qui n'arrive jamais. Quand on y prête vraiment attention, c'est assez déroutant.

Du côté des effets positifs, je me suis aperçu que je ne ressentais aucunement l'envie de somnoler, voire de faire une sieste, suite à nos repas familiaux. Boire du vin, c'est agréable, mais cela a aussi des conséquences dont on se passerait bien.

A la troisième semaine, je me suis également remis aux bières sans alcool (les bonnes, pas les industrielles) et je crois que je peux définitivement affirmer quelque chose que j'avais déjà remarqué l'année passée : je suis fan. Il y a de plus en plus de choix en matière de bières sans alcool et les meilleures, sans être aussi intéressantes que les bières avec alcool, permettent de passer un très bon moment.

Comme je l'ai écrit précédemment, mon premier café caféiné après quatre semaines d'interruption a eu un effet absolument spectaculaire sur mon bien-être, mon énergie et ma motivation. Il ne pouvait absolument pas s'agir d'un effet placebo. De ce point de vue, il me paraît évident que la caféine n'est pas une substance à prendre à la légère.

Malheureusement, cet effet intense a rapidement laissé la place à un effet beaucoup plus subtil. Difficile de ne pas se dire alors que, dès que l'on consomme du café, il devient obligatoire d'en consommer régulièrement, ne serait-ce que pour éviter les effets désagréables du sevrage. Par exemple, après son abstinence de trois mois, Michael Pollan a essayé de consommer du café uniquement une fois par semaine, au début, mais il a rapidement laissé tomber, tellement ce rythme était difficile à tenir.

Il m'est d'ailleurs arrivé de parler de mon expérience avec des gens qui me disent pouvoir s'arrêter de consommer du café sans aucun problème. Cela me laisse un peu dubitatif. Parviennent-elles réellement à s'abstenir durant plusieurs jours (voire plus) ou pensent-elles juste l'avoir déjà fait ? Sommes-nous inégaux face à la caféine ?

Ce qui est certain est que j'ai la variante AC du SNP rs762551 dans mon génome, ce qui signifie que je métabolise la caféine moyennement lentement. Si je comprends bien, seule une minorité de la population (une personne sur quatre ou cinq ?) possède la variante AA et métabolise la caféine rapidement. Ces personnes sont-elles moins sensibles aux effets perceptibles de la caféine ?

Si je reviens à mon ressenti personnel, il est clair pour moi que mon bien-être subjectif a été clairement réduit durant mes quatre semaines d'abstinence. Si j'en crois mon journal de santé, mon anxiété et mon humeur ont tous les deux chuté de 0.1 à 0.2 point (sur une échelle sans unité allant de 0 à 4) durant ma période d'abstinence. Autrement dit, elles étaient toutes les deux supérieures avant et après.

Durant la même période, la qualité subjective de mon sommeil et la fatigue ressentie durant la journée ont chuté de 0.2 à 0.4 point.

Paradoxalement, si mon Apple Watch a mesuré une chute de la durée de mon sommeil de 12 minutes par nuit, elle a aussi continué à constater une baisse après la fin de la période d'abstinence. Sur ce point, sachant que le tracking du sommeil est particulièrement approximatif sur l'Apple Watch, je préfère m'en référer à mon ressenti subjectif durant la journée, à défaut de mieux.

Anecdotiquement, mes acouphènes ont été légèrement pires (0.1 point), mais j'imagine qu'il y a un lien avec la fatigue.

Mon rythme cardiaque au repos (resting heart rate) est resté à peu près stable avant (59.1 BPM), pendant (59.7 BPM) et après (58.0 BPM).

Ma variabilité de la fréquence cardiaque (heart rate variability) varie elle-même beaucoup d'une semaine à l'autre, donc je ne suis pas sûr que les valeurs observées me disent quoi que ce soit. Il y a toutefois eu une augmentation (un changement bénéfique, donc) entre avant (61.6 ms), pendant (82.5 ms) et après (53.8 ms). Selon les quelques études que j'ai pu trouver, la caféine ne devrait toutefois pas influencer négativement (donc faire baisser) la variabilité de la fréquence cardiaque. C'est un point qu'il vaudrait peut-être la peine de suivre d'un peu plus près.

Mon poids n'a pas changé, à quelques centaines de grammes près.

Mon nombre de calories actives (calories dépensées en mouvement, activité physique, etc.) est resté stable avant et pendant, mais a chuté d'environ 20 kcal après. Je ne sais pas à quel point cela est significatif.

Quant au taux d'oxygène dans le sang, VO2 max et rythme respiratoire, je ne pense pas que l'Apple Watch mesure ces valeurs suffisamment précisément pour que cela vaille la peine de les examiner.

Dans tous les cas, il ne s'agit d'un test que sur une seule personne (N=1), sans groupe de contrôle et sans placebo. Les conclusions que je tire de mon expérience sont relativement limitées.

Toutefois, et cela rejoint les conclusions de Michael Pollan, je conclus tout de même que je préfère vivre en consommant régulièrement de la caféine, pour le bien-être qu'elle me procure. Si l'on ajoute à la balance que le thé vert et le café sont globalement bons pour la santé, je ne vois du coup pas l'intérêt de s'en priver, à part pour des raisons éthiques et écologiques (ce qui n'est certes pas négligeable).

Ce que j'ai changé depuis quelques semaines, c'est que je ne consomme plus de caféine dès midi, à l'exception des quelques milligrammes contenus dans les cafés décaféinés. Auparavant, j'arrêtais d'en consommer vers 15h, sans toujours respecter strictement cette limite (thé vers 17h, par exemple). Sur ce point, c'est essentiellement Matthew Walker (auteur du livre Why We Sleep) qui m'a fait changer d'avis. Ce changement me semble  pour l'instant sain et parfaitement supportable.

Du côté de l'alcool, l'expérience m'a un peu moins apporté. Je savais déjà que j'étais capable de m'en passer durant des semaines, sans que je ressente de manque. Ce qui a changé, c'est que j'essaie désormais d'éviter un peu plus systématiquement une consommation tard dans la journée, à cause de l'impact négatif de l'alcool sur le sommeil (profond, en particulier). Je ne suis pas encore prêt à m'abstenir totalement : l'alcool, à dose modérée, a un certain rôle de "lubrifiant social".


Tuesday, March 8, 2022

Premier café après un mois

Hier matin, j'ai bu mon premier café depuis un mois. J'écrirai plus longuement sur mes semaines d'abstinence, mais je voulais me concentrer un peu plus sur cette journée d'hier, car l'expérience a largement dépassé mes attentes : je m'attendais à ressentir un effet notable, mais pas à ce point-là. 

Durant plusieurs heures, j'ai très clairement ressenti un niveau d'énergie, de motivation et de bien-être supérieur à la normale. Que ce soit durant mes activités physiques (sport du matin) ou intellectuelles (travail), j'avais l'impression d'être tiré vers l'avant ; j'avais naturellement envie d'enchaîner les choses, sans que ce soit un effort. Par rapport aux semaines précédentes, c'était comme si un voile s'était levé.

Le phénomène était à la fois subtil (je n'étais pas agité ou incapable de me contenir), mais trop évident pour qu'il s'agisse d'un effet placebo.

Sans vraiment que ce soit calculé, mon premier café s'est avéré être un lungo, qui contient plus de caféine qu'un espresso. Il se trouve que j'avais aussi décidé de très peu manger le matin, comme je faisais du sport, ce qui a potentiellement accéléré la métabolisation de la caféine. Ce sont deux éléments qui expliquent peut-être l'effet particulièrement important que j'ai ressenti hier.

Je ne m'attends pas à ce que mes cafés de ces prochains jours aient le même impact, mais je suis curieux de voir si je peux trouver un rythme un peu plus sain qu'auparavant et me permettant de maximiser l'effet psychoactif de la caféine sur la durée (i.e. de réduire l'accoutumance). Pour le moment, il me semble qu'un café 30-60 minutes après m'être levé et un second café en fin de matinée pourrait être un bon protocole. On est loin des 5-6 cafés quotidiens que je pouvais boire il y a 5-10 ans !

Mise à jour (9 mars 2022). J'étais passé à côté du fait que Michael Pollan avait publié un livre à propos de la caféine, de son histoire et de son impact sur l'humanité. Il parle avec Joe Rogan de son expérience sans café et de sa première tasse de café après trois mois d'abstinence, qu'il compare - et cela ne m'étonne pas trop - avec l'effet de la cocaïne.

Tuesday, February 22, 2022

Point méditation : 2022

Depuis mon dernier point en 2020,  j'ai continué à méditer de plus en plus régulièrement : 338 fois en 2020 et 364 fois en 2021. Oui, 364 fois, pas 365 fois. J'ai oublié de le faire un soir. J'avais probablement prévu de méditer juste avant d'aller dormir, puis ai oublié de le faire. Depuis, j'essaie d'éviter de méditer juste avant d'aller au lit. Le contexte n'est de toute façon pas optimal, la fatigue rendant la concentration plus difficile.

Même si je médite désormais tous les jours, mon but reste en réalité de méditer "plus ou moins tous les jours" : dailyish, comme l'explique Oliver Burkeman. C'est juste qu'en pratique, j'aime prendre le temps de m'arrêter de faire ce que je suis en train de faire, m'assoir et me concentrer sur ma respiration, mon corps ou une voix. Cela me fait du bien. Donc je me retrouve à le faire tous les jours, sans vraiment que ce soit un véritable effort. Il m'est également déjà arrivé en 2022 de méditer plusieurs fois un même jour.

Le but, ces dernières années, était d'intégrer un peu plus la méditation à ma vie de tous les jours. Avec un enfant en bas âge, c'est important. J'en suis donc arrivé à varier la durée de mes sessions, ainsi que leur contenu, plutôt que m'astreindre à une durée et une technique fixes. En moyenne, ces deux dernières années, je médite un peu moins de dix minutes par session.

Quant au contenu, il m'arrive très souvent de méditer juste avec un timer. Le reste du temps, j'utilise toujours l'application Waking Up de Sam Harris, mais en suivant des séries de sessions, plutôt que la méditation du jour de Sam : Effortless Mindfulness (Loch Kelly), Consolations et Contemplative Action (David Whyte), The Spectrum of Awareness (Diana Winston), The Stoic Path (William B. Irvine) et The Koan Way (Henry Shukman).

Certaines de ces sessions sont des méditations guidées au sens où on l'entend généralement. D'autres sont plus des sortes de cours (par exemple celui sur le stoïcisme) ou des essais à consonances poétiques (David Whyte). J'ai donc appris que la méditation n'était pas forcément ce à quoi on peut s'attendre : être pleinement conscient d'une personne qui parle est déjà un exercice de méditation, quoique l'on parlera peut-être plus de mindfulness dans ce cas.

Sam rapporte d'ailleurs que certaines personnes se plaignent qu'il parle trop durant ses sessions. Il explique donc régulièrement que c'est voulu. Méditer, c'est s'entraîner à être pleinement conscient quoi qu'il arrive. Idéalement, on essaiera d'être bien assis, dans un endroit calme, mais il devrait être aussi possible de le faire en étant mal installé (mon cours vipassana insistait bien sur ce point !), dans un endroit bruyant. Ou, en l'occurrence, en présence d'une personne qui parle en continu.

Enfin, quant à l'utilité de la méditation, ces deux dernières années ont coïncidé avec les 2 et 3 ans de mon fils, donc avec une période de crises assez violentes. Difficile de savoir comment j'aurais vécu cette période sans méditation, mais j'ai l'impression que s'entraîner quotidiennement à accepter ses émotions (positives ou négatives) aide à rester plus patient face à un être qui, lui, est complètement débordé par ses émotions négatives (colère, frustration, tristesse, etc.).

De ce point de vue, je considère la méditation comme un outil très utile pour apprendre à mieux se connaître et donc, au final, à mieux vivre.

Monday, June 14, 2021

Faire des Zoom en marchant

J'ai toujours cherché à intégrer l'exercice physique dans mon quotidien, avec plus ou moins de bonheur.

Il y a 15-20 ans, j'essayais d'aller au fitness régulièrement. Je pouvais me le permettre : célibataire, je pouvais quitter le travail le soir et passer plusieurs heures à m'entraîner. Une fois en couple, il m'a été un peu plus difficile de maintenir ce rythme.

Il y a une dizaine d'année, j'ai donc acheté un crosstrainer, me permettant de m'entraîner à la maison. C'est l'un des meilleurs achats de ma vie : je m'en sers encore régulièrement aujourd'hui.

Il y a quelques années, j'ai recommencé à faire des exercices de musculation : pompes, planches, puis squats et autres. Nouvel avantage : ces exercices ne nécessitent quasiment aucun matériel et peuvent donc être pratiqués n'importe où.

L'automne passé, je me suis mis à la course à pied. Il faut un peu de matériel (au moins des chaussures adaptées) et, à moins d'être très motivé, une météo favorable, mais, à nouveau, c'est un exercice assez spontané, surtout en ces temps de pandémie, avec le travail à domicile qui permet une plus grande souplesse quant à l'organisation des journées de travail.

En début d'année, j'ai acheté une Apple Watch. Durant plus de cinq ans, je n'ai jamais vu l'intérêt des smartwatches, car j'essayais de leur trouver une utilité en dehors, justement, du suivi de l'activité physique. Or, c'est là qu'elles excellent. Je n'ai jamais autant bougé depuis plusieurs mois. Et, surtout, je n'ai jamais autant marché, le soir, de nuit, parfois sous la neige ou sous la pluie. Le concept, relativement simple, des trois anneaux "Bouger" (Move), "M’entraîner" (Exercise) et "Me lever" (Stand) force à trouver des stratégies pour intégrer l'exercice physique au quotidien.

Je prends du coup conscience que, malgré tous mes efforts depuis vingt ans bientôt, j'ai toujours de la peine à bouger tout au long de mes journées et de mes semaines. J'ai encore trop tendance à voir le sport comme une activité à part, pour laquelle il faut se préparer, réserver du temps, etc. Je me rends compte maintenant que cela m'a mené à certains blocages psychologiques.

Il y a aussi eu une petite blessure au genou, l'automne passé, suite à laquelle j'ai fait neuf sessions de physiothérapie, qui m'ont vraiment beaucoup aidé : à regagner une certaine confiance en moi, tout d'abord, sans laquelle j'aurais plutôt eu tendance à rester immobile, et à me familiariser ensuite avec toute une série d'exercices pour entraîner et muscler mes jambes, exercices que je continue à pratiquer au quotidien, profitant de pauses que je fais durant le travail.

La pandémie et le travail à domicile ont d'ailleurs remis en question mon lien à mon activité professionnelle. Ne plus avoir à sortir de chez soi pour aller travailler, d'un côté, c'est moins bouger, moins marcher. D'un autre côté, c'est aussi plus de temps à disposition dans la journée.

Il y a quelques temps, j'ai commencé à réfléchir à comment je pouvais bouger plus spécifiquement dans le contexte de mon travail. Ma première idée a été celle d'un bureau surélevé et d'un tapis roulant, mais cela exige pas mal de matériel (et je ne suis pas sûr que les tapis roulants d'entrée de gamme soient de très bonne qualité).

Ma deuxième idée à été de me promener lors de certains Zoom, en particulier ceux qui n'exigent pas que j'aie accès à mon laptop. C'est ainsi que j'ai commencé à faire les points hebdomadaires avec mon équipe en marchant dehors, durant une heure ou plus. Nous faisons parfois des points plus spécifiques avec certaines personnes suite au Zoom principal. Il m'est donc arrivé de parcourir jusqu'à dix kilomètres en à peu près deux heures !

Pour mes meetings hebdomadaires, je prépare un document Google Docs avec les points que je vais aborder. Je peux ensuite facilement le consulter sur mon smartphone. C'est de toute façon quelque chose que je faisais déjà avant. Je capture certaines idées/tâches via mon processus GTD habituel : à l'heure actuelle, j'envoie simplement ces tâches dans mon inbox Omnifocus via l'app Note to Self. Il est rare que j'aie besoin de faire autre chose. S'il me manque une information, je peux la chercher et la donner un peu plus tard.

Le bilan est pour l'instant positif. Je n'ai pas de problème pour me concentrer. Au contraire, marcher semble stimuler l'activité intellectuelle, comme je m'en suis déjà souvent rendu compte lors de mes randonnées. Je me sens également bien mieux le reste de la journée.

Du côté des points négatifs, je dois souvent couper le son lorsque je ne parle pas pour ne pas gêner les autres avec mon éventuelle respiration un peu plus forte ou lorsque je passe dans des endroits plus bruyants. Lorsque je parle, je dois donc ralentir un peu mon rythme de marche. C'est tout un équilibre à acquérir. Rien de sorcier, toutefois. Pour des raisons pratiques, je coupe la caméra de mon côté. L'expérience est donc peut-être un peu moins conviviale, mais nous avons d'autres occasions de nous voir. Enfin, je me demande si l'expérience sera toujours aussi agréable lors du retour des grandes chaleurs.

Reste à voir si c'est une habitude qui durera, comme a duré celle du crosstrainer. L'avenir me le dira.

Wednesday, May 5, 2021

The Softy


Selon mes notes personnelles, j'ai consommé mon premier fromage végétal à base de noix de cajou fermentées en janvier 2016. Il s'agissait d'un produit importé d'Allemagne (Happy Cheeze).

Je me souviens avoir appris l'existence de ce type de fromages végétaux plusieurs années auparavant, probablement via un reportage/documentaire à propos d'une "fromagerie végétale" aux Etats-Unis. Je trouvais cela passionnant et avais hâte que ce type de produits arrivent en Europe.

Au final, je ne sais pas si les fromages végétaux spécifiquement fabriqués à partir de noix de cajou fermentées sont apparus d'abord aux Etats-Unis, en Europe ou ailleurs. Ce qui est certain, c'est que depuis mes premiers achats, l'offre a vraiment explosé.

Il y a quelques semaines, un cap symbolique a été franchi. Migros, l'une des plus grandes chaînes de distribution suisses, offre son propre fromage à base de noix de cajou : The Softy ("une alternative végane au camembert").

Cela peut paraître anodin, mais je commande la plupart de mes produits végans dans des magasins spécialisés. Alors, certes, ces magasins ont toujours une offre bien plus large et intéressante que les grands distributeurs, mais je suis vraiment content (et impressionné) d'assister à une telle démocratisation.

Thursday, December 17, 2020

La méditation rétrospective

J'écris un journal intime, sous une forme ou sous une autre, depuis 27 ans maintenant. Il y a deux ans, je me suis mis à relire, chaque jour, ce que j'y ai écrit il y a dix et vingt ans. C'est un exercice qui fait maintenant partie de mon rituel quotidien. Ce que je lis est parfois drôle (certains rêves absurdes que je décris en détails, par exemple). Souvent, c'est la routine du quotidien qui ressort. Enfin, d'autres fois, je me surprends à réaliser que j'ai totalement oublié certains épisodes entiers de mon existence.

J'ai toujours eu un certain intérêt pour le passé. Pour mon passé, en fait. J'ai des phases de forte nostalgie. Pas trop souvent, mais cela m'arrive encore de temps en temps et je tends à penser que cet attrait pour des choses qui se sont passées il y a longtemps n'est pas toujours sain. Je me dis par exemple que le temps que je passe à penser à moi-même, je ne le consacre pas aux autres. Ni à des activités plus créatives/constructives.

Il y a cependant une facette plus positive de cette pratique et je l'ai réalisé en lisant l'article "Retroactive Mindfulness" de Daniel Miessler, qui se demande : est-il possible d'être en état de pleine conscience (mindfulness, en anglais) par rapport au passé ?

Quand on parle de méditation, on pense souvent au moment présent, à la qualité de l'attention que l'on porte à ce qui se passe en nous et autour de nous. De même, dans le stoïcisme, il y a aussi cet accent sur la qualité de l'instant présent. Il s'agit d'apprendre à réagir le mieux possible face aux aléas de notre existence.

S'il y a dans le stoïcisme un regard naturel tourné vers le passé (apprendre de ses erreurs) ou vers des futurs potentiels (visualisation négative, etc.), cette attitude n'est pas aussi explicite dans la méditation. Je rejoins toutefois Daniel Miessler sur l'idée qu'il est possible de porter son attention sur le passé même dans un contexte méditatif :
"I wonder if we can replay our past as memories, and attempt to be mindful of both the stimuli and the sensations they caused. As observers. Not judges. Not victims. Not victors. Not someone enjoying fond or bitter memories. But as someone being present for the moment this time—as we weren’t the first time."
Et je réalise du coup que c'est un peu ce que je faisais ces deux dernières années, sans vraiment le réaliser, en relisant mon journal : contempler ce que j'ai déjà vécu, avec de la distance, mais aussi avec curiosité, une curiosité que je n'avais peut-être pas eue à l'époque. Dans un contexte psychothérapeutique, on parlerait peut-être d'une phase d'intégration des expériences (voire des traumas, dans certains cas).

Comme le propose Alain de Botton dans sa vidéo "How to Travel in your Mind", il est également possible de revivre des expériences passées (voyages, etc.) par la pensée rien que pour le plaisir. C'est un exercice relativement subtil, différent d'un simple accès de nostalgie, et que nous n'avons pas l'habitude de faire.

Ces approches sont à pratiquer avec modération, bien entendu, mais il me semble qu'il y a là quelque chose à creuser. La vie est courte. Pourquoi se contenter uniquement de ce qui se passe dans le présent ?