Tuesday, December 31, 2024

Intelligence artificielle générale : sommes-nous prêts ?

Jusqu'à récemment, j'ai toujours eu une attitude positive par rapport à la technologie en général et l'intelligence artificielle en particulier, mais, depuis quelques temps, j'ai un peu plus de peine à maintenir cet enthousiasme.

Au tout début des années 2000, durant mon master en informatique, je me suis passionné pour l'intelligence artificielle, ce qui m'a amené à suivre quatre cours consacrés à ce domaine, dont un, appelé "réseaux de neurones artificiels", que j'ai trouvé absolument fascinant. Cela a été l'occasion pour moi de me familiariser avec les concepts fondamentaux du machine learning, tels que backpropagation, gradient descent, reinforcement learning, etc. Pour moi, il était évident que tout cela, "c'était l'avenir".

Quelques années plus tard, en 2004, j'ai découvert Ray Kurzweil et sa vision très positive de la technologie et de l'avenir. Le progrès technologique est exponentiel. L'intelligence artificielle atteindra un jour le niveau de l'intelligence humaine (intelligence artificielle générale), puis le dépassera. Un peu plus tard, nous assisterons à une explosion d'intelligence. A partir de ce point historique, il est impossible de prédire ce qui va se passer. C'est ce que l'on appelle la singularité technologique. Et, point très important : tout cela arrivera dans les décennies prochaines !

A l'époque, le point de vue de Kurzweil était en avance sur son temps, mais il me semblait fondamentalement plausible. L'idée selon laquelle il serait impossible à l'être humain de produire une intelligence artificielle et de construire des machines capables de réaliser toutes les tâches humaines m'a toujours semblé incohérente. Un énième cas d'anthropocentrisme myope.

Depuis quelques années, les progrès fulgurants s'enchaînent. Les large language models (LLM) ont complètement changé la donne. A l'heure où j'écris ces lignes, il est possible de générer des vidéos de qualité à partir d'une simple description textuelle (modèle Veo 2 de Google). J'utilise Claude d'Anthropic au quotidien, pour m'assister dans mes tâches personnelles et professionnelles, comme alternative ou complément aux moteurs de recherche, pour m'aider à prototyper certaines tâches, etc.

En gros, Kurzweil avait raison et on vit une époque formidable.

Je ne peux toutefois pas me débarrasser d'un sentiment désagréable. Il s'agit de quelque chose d'un peu diffus. Le sentiment que "quelque chose de grave pourrait bientôt arriver". Difficile de mettre le doigt précisément sur le problème.

Tout d'abord, il y a ce sentiment que les choses se passent plus vite que prévu. Il y a 20 ans,  la singularité technologique, c'était pour 2045, donc 40 ans dans le futur. Une éternité, autrement dit. Maintenant, il ne se passe quasiment pas un mois, une semaine, sans qu'une percée ne soit réalisée.

Il y a aussi l'actualité préoccupante : les guerres, la montée du populisme, etc. L'humanité n'est tout simplement pas prête, intellectuellement, moralement, à faire face à l'intelligence artificielle générale. Il y a beaucoup trop de bêtise ambiante, d'ignorance, de violence, un peu partout. Il y a 20 ans, à nouveau, j'étais loin de penser que nous en serions là aujourd'hui.

Ensuite, il y a des craintes très concrètes, basiques, par rapport aux mauvaises utilisations de l'intelligence artificielle. Celle-ci pourra être utilisée pour accélérer la recherche scientifique, trouver de nouveaux médicaments, etc., mais elle pourra aussi l'être pour créer des armes plus puissantes que jamais (pensez par exemple à des drones plus puissants, plus petits, plus rapides) ou pour concentrer encore plus les richesses entre les mains d'une minorité.

La perte de sens, enfin et surtout : si une machine peut réaliser "en un clic" tous les projets, toutes les tâches de ma to-do list, quel sens puis-je encore donner à ma vie ? Les tâches manuelles n'échapperont pas non plus très longtemps à cette automatisation. Si on en parle moins, les progrès dans le domaine de la robotique finiront bien par rattraper ceux du domaine de l'intelligence artificielle à proprement parler. Nous sommes déjà entourés de robots plus ou moins primitifs, certains immobiles, d'autres non : lave-vaisselle, lave-linge, aspirateur robot, robots-tondeuses, robots ménagers, etc. A l'avenir, nous accueillerons forcément parmi nous des robots plus généralistes, capables, à nouveau, de réaliser toutes nos tâches.

Tout cela aussi et dans un contexte où la majeure partie des gens ne semble pas réaliser ce qui est en train de se passer. Il n'y a pas de véritable débat de société. On ne réfléchit pas vraiment à la direction que nous voulons prendre collectivement. Tout le monde est accaparé par son quotidien. Par la politique. Par les réseaux sociaux. Etc.

C'est peut-être le contrecoup de la grippe qui me fait voir les choses de manière aussi sombre. Je ne sais pas.

La peur de l'incertitude, également ? Comme le dit Sam Harris depuis des années, nous faisons face à un risque existentiel. L'intelligence artificielle peut complètement nous détruire. Ou alors nous garantir une prospérité presque sans limite. A l'heure actuelle, je ne sais pas vers quelle issue nous nous dirigeons.

Sunday, December 29, 2024

Grippe

La première fois de ma vie que j'ai eu la grippe, a priori, c'était en décembre 2019, il y a 5 ans. Les choses ont suivi à peu près le même schéma, en 2019 comme en 2024. Au mois de novembre, j'ai fait le vaccin contre la grippe, comme chaque année. Au mois de décembre, mon fils est tombé malade (fièvre, fatigue, etc.). Au bout de plusieurs jours de maladie, nous avons consulté un pédiatre. Cette année en tout cas, celui-ci nous a dit qu'il s'agissait très probablement du virus de la grippe. Et quelque jours plus tard, c'était à mon tour de tomber malade (fièvre, forte fatigue, etc.).

Ce qui me frappe à nouveau, ce ne sont pas les quelques jours les plus pénibles, où la fièvre et la forte fatigue empêchent toute activité ou presque (le travail, en particulier), mais toute la période d'après, le contrecoup, durant lequel je ressens beaucoup de fatigue, presque en permanence. Début 2020, j'ai mis des semaines à m'en remettre. Cette année, j'espère que cela durera moins longtemps, mais pour le moment, ça n'est pas gagné. Mes nuits sont perturbées. Mon nez est irrité. Je tousse. La fatigue est bien là. Pire que cela, certains jours, heureusement derrière moi, il y a même eu de la déprime comme j'en ai rarement connu.

Bref, la grippe, je n'aime pas. 

Il faut noter que l'efficacité du vaccin contre la grippe varie énormément selon les années et les personnes, entre 20% et 80%, apparemment. Toutefois, vu les symptômes qu'impliquent ce virus, je continuerai à me faire vacciner chaque année. Toute baisse de probabilité d'attraper cette calamité est bonne à prendre.

Saturday, December 28, 2024

Ecrire sur n'importe quoi

Mon dernier article date de 2022. Depuis, j'ai commencé à écrire 8 articles, tous à l'état de brouillon, mais je ne suis pas parvenu à en finaliser un seul. Toujours pour les mêmes raisons. Ça n'est pas assez original. Pas assez intéressant. Pas assez utile. Je n'ai pas le temps. Je n'ai plus la motivation initiale. Etc, etc.

Je me suis longtemps dit que pour créer à nouveau une inertie, il me suffisait d'écrire sur n'importe quoi. Forcément, je me suis mis des barrières. Écrire sur n'importe quoi, ça n'est pas très original. Pas assez intéressant. Pas assez utile. Et puis, je n'ai pas le temps. Même 20 minutes.

Alors je me lance. Un peu comme lorsque notre professeur de français, il y a 32 ans, nous demandait, chaque semaine, de prendre une feuille et d'écrire... n'importe quoi. Il fallait remplir en tout cas une demi-page, Je ne sais plus. Peut-être une page. L'exercice était libérateur. Il n'y avait pas de note, donc moins de contrainte. Pas besoin d'être utile. Ou intéressant. Alors on écrivait. Parfois, on parlait de la page blanche (un classique). Parfois, on arrivait à être plus original. Et, oui, parfois, il m'arrivait même d'être assez fier du résultat.

C'était il y a plus de 30 ans. Ce professeur a depuis mal tourné. Il s'est lancé dans la politique. Il défend des idées qui ne sont pas les miennes. Mais son exercice d'écriture libre, c'était une bonne idée. Comme quoi, même les gens qui ont de mauvaises idées peuvent aussi en avoir de bonnes. L'espoir est permis.

L'espoir, c'est important. Il me semble me souvenir que Sam Harris disait que l'espoir, ça n'est pas une bonne chose, parce que ça revient à vouloir que les choses soient autrement que ce qu'elles sont. Une sorte de déni de réalité. Alors parlons plutôt d'optimisme : penser que les choses ne sont finalement pas si mal, que les gens ont de bons côtés, que si les choses semblent aller mal, c'est qu'on n'a peut-être pas fait le tour de toute la question.

Oui : restons optimistes.