"La burka est un vêtement comme les autres". Ce n'est pas mon opinion, mais celle, plutôt étonnante, de quelqu'un avec qui je débattais récemment sur Twitter. Il s'agit d'une personne de gauche, politiquement, donc a priori convaincue par la nécessité de se battre pour le droit des femmes. Comment en est-il alors arrivé à une telle conclusion ? Par provocation ? Possible, mais j'en doute. Non, à moins que quelque chose m'ait échappé, je pense que cette personne serait étonnée, voire choquée, si une femme habillée en burka venait s'asseoir à côté de lui dans un bar, en Suisse, mais, craignant qu'on le taxe de xénophobie ou d'intolérance, il s'est rangé à cette position logiquement indéfendable. Bel exemple de relativisme culturel...
Ce genre de discours est de plus en plus courant. Récemment, nous avons eu droit à un exemple très commenté, aux Etats-Unis, avec Sam Harris et Bill Maher, d'un côté, et Ben Affleck, essentiellement, de l'autre. Il était question de l'État islamique, en particulier, et de l'islam, en général. Ben Affleck, pourtant démocrate, a démontré son incapacité totale à tenir un discours calme, cohérent et nuancé sur la question. Son intervention a malgré tout été accueillie positivement par de nombreuses personnes.
Le problème est que dans le "monde occidental", la majeure partie du discours négatif à l'encontre de l'islam est tenu par des partis très conservateurs, typiquement les partis les plus à droite du spectre politique. En Suisse, c'est l'UDC et ses partisans qui tiennent à nous rappeler, régulièrement, que l'islam est un danger pour notre "culture judéo-chrétienne". L'initiative "Contre la construction de minarets" est un exemple de ce dont ce parti est capable. Or, aucune personne au centre ou à gauche du spectre politique ne tient à être assimilé à l'extrême-droite, ce qui est compréhensible, mais ce qui fausse aussi le débat.
Car l'islam doit être critiqué. En évitant les amalgames, les généralisations simplistes et le rejet, bien entendu. Concernant la burka, l'interdiction est ou n'est pas la solution, je ne le sais pas. Mais ça n'est pas en partant de l'idée absurde que la burka est anodine qu'un débat constructif aura lieu. Elevons le débat, même s'il est très complexe, même s'il se doit d'être subtil, mais ne succombons pas au politiquement correct, au relativisme culturel, à la tolérance à tout prix et à cet anti-intellectualisme qui semble tellement à la mode.
5 comments:
Je partage ton avis. La tolérance, en général, est une notion qui a pris une couleur positive et qu'on associe volontiers, à tort, au respect ou à la solidarité. Alors que la solidarité est une notion foncièrement positive en soit, la tolérance est de fait une notion neutre et relative. Elle implique donc une réflexion, des conclusions argumentées. Elle ne saurait être positive en soit.
Trop souvent, malheureusement, des principes subjectifs viennent noyer le débat politique et empêcher des raisonnements construits d'émerger.
En l'espèce, la contradiction entre la défense du status de la femme dans la société et l'acceptation de la burka au nom de l'acceptation des différences culturelles est flagrante. C'est une contradiction finalement très ordinaire aujourd'hui, alors que slogans et assertions non argumentées sont banalisés dans un conformisme qui finira par noyer l'art nécessaire du débat.
L'affirmation "La burka est un vêtement comme les autres"me parait totalement ridicule. Cela pourrait être encore discuté si 1. les hommes le portaient également et 2. ceux ou celles qui le portent avaient la liberté de ne pas le porter. Mais même là, la burka resterait dans une catégorie à soi (le seul "vêtement" destiné à cacher totalement la personne).
Alors oui, exposons le ridicule : en politique, en philosophie, en religion. Aucun domaine ne doit être exclu de la critique. Les idées religieuses, en particulier, ont trop longtemps été protégées.
Exposons aussi le relativisme culturel, qui faussement oppose l'occident au reste du monde, comme si des idées aussi fondamentales que l'égalité et la justice n'étaient que des idées occidentales.
Nous sommes donc tous d'accord. :) Reste la question de l'interdiction, peut-être contre-productive pour l'instant.
Le problème qui se cache derrière la burka, notamment mais pas exclusivement, est le fanatisme religieux. Or, l'interdiction de pratiques excite les fanatismes. Il se pourrait qu'interdire cette pratique (et d'autres) ne fasse que contribuer à exacerber le fanatisme religieux. En ce sens, l'interdiction serait contre-productive.
J'ai l'impression qu'un dialogue soutenu des autorités civiles avec les communautés religieuses (non-extremistes) contribuent davantage à des positions retenues de part et d'autre. Finalement, mettre en avant une compréhension moderne et progressiste de certaines religions pourrait marginaliser les pratiques fanatisées. En somme, mieux comprendre, accepter et intégrer l'Islam moderne à nos sociétés pour que l'islamisme fanatique se marginalise et devienne moins signifiant.
Je ne crois pas à la coercition de manière générale et encore moins à la punition. Seuls le dialogue et l'éducation font avancer la société.
D'accord avec toi, sur le principle général en tout cas, c'est-à-dire sur l'idée qu'il vaut mieux éduquer qu'interdire. Pourtant, d'un côté, nos lois sont remplies d'interdictions. L'éducation ne suffit pas. D'un autre côté, on parle ici d'extrémismes religieux, comme tu dis. Une exception et, donc, une approche plus constructive et inclusive, est probablement souhaitable.
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