Quel est le point commun entre Charles Murray, auteur de The Bell Curve, et Scott Adams, auteur de Dilbert ? Involontairement ou non, ils ont provoqué, et provoquent encore, la controverse.
Je ne connaissais pas Charles Murray avant cette semaine. J'avais vaguement entendu parler de son livre, The Bell Curve, mais n'y avais jamais vraiment prêté attention. Puis j'ai eu l'occasion d'entendre son point de vue grâce au podcast de Sam Harris, dans un épisode intitulé Forbidden Knowledge. Conclusion personnelle : Charles Murray ne mérite certainement pas toutes les critiques qu'il a dû subir, mais je ne trouve pas convaincante son explication quant à la nécessité de présenter les différences de QI entre différents groupes de population (et, en particulier, entre les blancs et les noirs, qui est le point qui a provoqué le plus de réactions négatives). Il s'agit néanmoins de quelqu'un qui ne paraît pas raciste et qui semble agir par intérêt académique pour une question sensible, taboue. Un intérêt peut-être un peu naïf, mais pas mal intentionné.
Le cas de Scott Adams est également compliqué, mais pour d'autres raisons. Le strip Dilbert du jour semble mettre en doute les conséquences négatives du réchauffement climatique. Mais Dilbert est un webcomic. Adams est connu pour son humour, plus ou moins drôle. Faut-il prendre sa critique au pied de la lettre ? Ce qui est certain, c'est qu'Adams n'en est pas à son premier coup d'essai. Selon RationalWiki, il s'est déjà attaqué à la Shoah, à la théorie de l'évolution, au féminisme, etc.
J'appréciais Adams un peu plus il y a 5-10 ans qu'aujourd'hui. Son obsession récente (2015) pour Donald Trump a largement participé à me désintéresser de ses écrits. Il ressemble de plus en plus au cliché que certains cherchent à lui coller : celui d'un riche blanc qui, avec l'âge, adopte des positions politiques de plus en plus conservatrices. La conclusion de RationalWiki ("His blog, which is currently a fascinating study of a man going insane [...]") me semble toutefois simpliste et infantile. Je pense qu'au fond de lui, Adams est toujours motivé par un esprit certes enfantin, mais surtout provocateur, et parfois paresseux.
Je ne trouve plus sa démarche aussi intéressante qu'auparavant, mais, sur le fond, je pense qu'il est nécessaire de tout questionner : le féminisme, le végétarisme, le réchauffement climatique, les idées politiquement correctes et, oui - pourquoi pas ? - l'Holocauste (à ce sujet, je suis plutôt de l'avis que la négation de la Shoah ne devrait pas être illégale, mais tournée en ridicule comme il se doit). Pour en revenir à Scott Adams, je pense que sa démarche est surtout affaiblie par ce que je perçois comme de la paresse. Il appelle souvent ses lecteurs à avoir une approche nuancée par rapport à ce qu'il écrit, mais, en même temps, il ne semble pas toujours suffisamment se renseigner sur les questions qu'il pense légitimement poser. Le cas du nombre de morts causés par la Shoah est frappant, par exemple. C'est une question intéressante, mais, avant de la poser, il semble impératif de se renseigner un tout petit peu, vu la sensibilité du sujet (que nul ne peut prétendre ignorer).
RationalWiki propose un concept pour cette manière un peu naïve et irresponsable d'aborder certains sujets : just asking questions (ou, plus vulgairement, JAQ-ing off).
C'est un concept qui s'applique plus à Scott Adams, qui cherche consciemment à provoquer, qu'à Charles Murray, dont la démarche semble intellectuellement plus honnête.
Je n'ai pas d'avis définitif sur la question, mais je pense que les démarches de personnes comme Murray ou Adams sont utiles (ou l'ont été, tout du moins) et, au final, je suis reconnaissant qu'elles subissent la controverse à la place d'autres personnes et participent, peut-être, à faire avancer un peu le débat.
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