L’expression “médecine alternative” (ou médecine “douce”, “complémentaire”, “parallèle”, etc.) regroupe en réalité de nombreuses pratiques, très différentes les unes des autres. Mon but n’est pas ici de discuter leurs mérites (ou, le plus souvent, absence de mérites) respectifs ou de présenter en détail ce qu’est l’effet placebo, mais de faire un parallèle avec la religion. Y compris dans ses dangers, car la médecine alternative tue régulièrement (exemples récents : Steve Jobs et un enfant italien de trois ans).
Pour faire court et en simplifiant à l’extrême, on peut dire que la plupart des gens se tournent vers la religion pour y trouver un réconfort, des réponses qu’ils ne trouvent pas ailleurs. La plupart de ces questions concernent le sens de la vie. D’où venons nous ? Où allons-nous ? Quel sens a notre existence ?
La science peut répondre à la question de notre origine et de notre destinée physique. Elle n’a par contre pas pour but de répondre à la question du sens de la vie. Ce qu’elle nous apprend, toutefois, est que le cerveau est un organe spécialisé dans le traitement de l’information : il interprète en permanence une multitude d’influx nerveux en provenance de nos sens (yeux, oreilles, etc.). Associer des noms à des visages, des notes de musique à des sons, des souvenirs à des odeurs, etc. Les exemples sont innombrables.
Consciemment ou, la plupart du temps, inconsciemment, notre cerveau extrait des idées, des concepts, du monde qui nous entoure et de nos souvenirs. On pourrait presque dire qu’il ne peut pas s’en empêcher. C’est un réflexe, qui, parfois, nous joue des tours : en regardant les nuages, on peut aisément y percevoir des objets, souvent incongrus. Autrement dit, notre cerveau voit également des choses qui n’existent pas (voir à ce sujet le concept de paréidolie). Parce qu’il est fait pour cela : donner du sens, que ce sens corresponde à la réalité ou non.
Ce mécanisme explique toute une série de phénomènes. Par exemple, pourquoi certaines personnes sont incapables d’accepter les coïncidences et y voient toujours un lien de cause à effet. Ou pourquoi certaines personnes voient des conspirations là où il n’y en a pas (participation du gouvernement américain dans les attentats du 11 septembre 2001 ou dans la dissimulation d’extra-terrestres, pour n’en citer que quelques-unes). De mon point de vue d’athée, ce même mécanisme explique également bien des pratiques et croyances religieuses (existence d’un ou plusieurs dieux, de l’âme, de la vie après la mort, etc.).
La question du sens de la vie semble donc devoir avoir une réponse, parce que nous avons l’habitude de donner un sens à tout ce que nous percevons, à tout ce que nous vivons, mais, en réalité, il se peut très bien qu’il s’agisse d’une question sans réponse. La vie peut très bien ne pas avoir de sens intrinsèque. On peut toutefois lui donner le sens que l’on souhaite. Cette position intellectuelle (qui est celle des existentialistes, entre autres) est inconfortable, voire déprimante, en tout cas à première vue, mais logiquement tout à fait acceptable.
Ainsi, certaines personnes “tournent le dos”, pour ainsi dire, à la science et à la philosophie, se tournent vers la religion, en quête de réponses, qui doivent exister, pensent-elles. On peut constater un comportement similaire chez les gens qui, déçus par la médecine conventionnelle, se tournent vers la médecine alternative, en quête de traitements pour leurs problèmes de santé. Un traitement efficace doit exister, après tout.
Loin de moi l’idée de vouloir prétendre que la médecine conventionnelle est parfaite. Elle ne l’est pas. Souvent, elle se concentre trop sur les symptômes et pas assez sur la véritable source de nos maladies. La chirurgie est encore, à bien des égards, de la boucherie. L’industrie pharmaceutique devrait probablement être mieux régulée. Les médecins n’ont pas assez de temps à consacrer à leur patient. J’irai même jusqu’à dire que la médecine conventionnelle a à apprendre de la médecine alternative. Cependant, je reste convaincu que c’est en se servant de la raison et en essayant de comprendre le corps humain que la médecine vaincra les maladies, pas en se soumettant à la superstition.
Si la médecine conventionnelle ne peut aider quelqu’un, ne peut lui proposer un traitement, cela ne signifie pas forcément que la médecine alternative le pourra. Il y a dans l’homéopathie, l’acupuncture et bien d’autres de ces pratiques douteuses une facilité que l’on retrouve également dans les réponses toutes faites de la religion : “Vous voulez un traitement ? En voici un !” Peu importe qu’il s’agisse de gouttes d’eau ou de pilules sucrées. Il y a une demande, donc il y a une offre. L’industrie des “médicaments” homéopathiques et autres traitements phytothérapiques n’a rien à envier à l’industrie pharmaceutique : elle amasse également des milliards.
Comme je l’ai déjà dit, je ne compte pas expliquer ici comment entrent en jeux l’effet placebo ou les mécanismes d’auto-guérison du corps humain, souvent sous-estimés, comment ils donnent l’impression, tout à fait illusoire, dans la plupart des cas, que la médecine alternative pourrait être efficace. J’aimerais juste insister sur le fait qu’il y a des alternatives - certes, plus difficiles à mettre en oeuvre - à la “médecine superstition”.
Pour ne citer que quelques pistes, combien de gens font réellement des efforts pour manger mieux, faire plus de sport, réduire leur stress, dormir plus ou arrêter de fumer ? Autrement dit, prendre leur santé au sérieux, de manière responsable ? Certainement pas assez. Cela paraît évident, mais, avant de guérir, il faudrait d’abord penser à prévenir, lorsqu’on sait comment le faire. Toutes ces approches n’ont pourtant rien à voir avec la médecine alternative. Elles ont, au contraire, été validées par des études scientifiques. On peut mettre en évidence les effets positifs de la méditation, par exemple, et les effets néfastes de la fumée sont connus depuis longtemps.
En guise de conclusion, je dirais que ce retour aux “sources”, cet attrait renouvelé pour la médecine alternative, a quelque chose de profondément malsain. Bien entendu, il ne faut pas “jeter le bébé avec l’eau du bain”, comme diraient les anglophones. La médecine conventionnelle a encore beaucoup de choses à apprendre, y compris des médecines alternatives (l’écoute du patient, le conseil, etc.), mais il faut savoir reconnaître ses côtés positifs et, surtout, prendre ses responsabilités, accepter que notre santé de dépend pas uniquement de la médecine, mais aussi des choix de vie que nous faisons.
La science peut répondre à la question de notre origine et de notre destinée physique. Elle n’a par contre pas pour but de répondre à la question du sens de la vie. Ce qu’elle nous apprend, toutefois, est que le cerveau est un organe spécialisé dans le traitement de l’information : il interprète en permanence une multitude d’influx nerveux en provenance de nos sens (yeux, oreilles, etc.). Associer des noms à des visages, des notes de musique à des sons, des souvenirs à des odeurs, etc. Les exemples sont innombrables.
Consciemment ou, la plupart du temps, inconsciemment, notre cerveau extrait des idées, des concepts, du monde qui nous entoure et de nos souvenirs. On pourrait presque dire qu’il ne peut pas s’en empêcher. C’est un réflexe, qui, parfois, nous joue des tours : en regardant les nuages, on peut aisément y percevoir des objets, souvent incongrus. Autrement dit, notre cerveau voit également des choses qui n’existent pas (voir à ce sujet le concept de paréidolie). Parce qu’il est fait pour cela : donner du sens, que ce sens corresponde à la réalité ou non.
Ce mécanisme explique toute une série de phénomènes. Par exemple, pourquoi certaines personnes sont incapables d’accepter les coïncidences et y voient toujours un lien de cause à effet. Ou pourquoi certaines personnes voient des conspirations là où il n’y en a pas (participation du gouvernement américain dans les attentats du 11 septembre 2001 ou dans la dissimulation d’extra-terrestres, pour n’en citer que quelques-unes). De mon point de vue d’athée, ce même mécanisme explique également bien des pratiques et croyances religieuses (existence d’un ou plusieurs dieux, de l’âme, de la vie après la mort, etc.).
La question du sens de la vie semble donc devoir avoir une réponse, parce que nous avons l’habitude de donner un sens à tout ce que nous percevons, à tout ce que nous vivons, mais, en réalité, il se peut très bien qu’il s’agisse d’une question sans réponse. La vie peut très bien ne pas avoir de sens intrinsèque. On peut toutefois lui donner le sens que l’on souhaite. Cette position intellectuelle (qui est celle des existentialistes, entre autres) est inconfortable, voire déprimante, en tout cas à première vue, mais logiquement tout à fait acceptable.
Ainsi, certaines personnes “tournent le dos”, pour ainsi dire, à la science et à la philosophie, se tournent vers la religion, en quête de réponses, qui doivent exister, pensent-elles. On peut constater un comportement similaire chez les gens qui, déçus par la médecine conventionnelle, se tournent vers la médecine alternative, en quête de traitements pour leurs problèmes de santé. Un traitement efficace doit exister, après tout.
Loin de moi l’idée de vouloir prétendre que la médecine conventionnelle est parfaite. Elle ne l’est pas. Souvent, elle se concentre trop sur les symptômes et pas assez sur la véritable source de nos maladies. La chirurgie est encore, à bien des égards, de la boucherie. L’industrie pharmaceutique devrait probablement être mieux régulée. Les médecins n’ont pas assez de temps à consacrer à leur patient. J’irai même jusqu’à dire que la médecine conventionnelle a à apprendre de la médecine alternative. Cependant, je reste convaincu que c’est en se servant de la raison et en essayant de comprendre le corps humain que la médecine vaincra les maladies, pas en se soumettant à la superstition.
Si la médecine conventionnelle ne peut aider quelqu’un, ne peut lui proposer un traitement, cela ne signifie pas forcément que la médecine alternative le pourra. Il y a dans l’homéopathie, l’acupuncture et bien d’autres de ces pratiques douteuses une facilité que l’on retrouve également dans les réponses toutes faites de la religion : “Vous voulez un traitement ? En voici un !” Peu importe qu’il s’agisse de gouttes d’eau ou de pilules sucrées. Il y a une demande, donc il y a une offre. L’industrie des “médicaments” homéopathiques et autres traitements phytothérapiques n’a rien à envier à l’industrie pharmaceutique : elle amasse également des milliards.
Comme je l’ai déjà dit, je ne compte pas expliquer ici comment entrent en jeux l’effet placebo ou les mécanismes d’auto-guérison du corps humain, souvent sous-estimés, comment ils donnent l’impression, tout à fait illusoire, dans la plupart des cas, que la médecine alternative pourrait être efficace. J’aimerais juste insister sur le fait qu’il y a des alternatives - certes, plus difficiles à mettre en oeuvre - à la “médecine superstition”.
Pour ne citer que quelques pistes, combien de gens font réellement des efforts pour manger mieux, faire plus de sport, réduire leur stress, dormir plus ou arrêter de fumer ? Autrement dit, prendre leur santé au sérieux, de manière responsable ? Certainement pas assez. Cela paraît évident, mais, avant de guérir, il faudrait d’abord penser à prévenir, lorsqu’on sait comment le faire. Toutes ces approches n’ont pourtant rien à voir avec la médecine alternative. Elles ont, au contraire, été validées par des études scientifiques. On peut mettre en évidence les effets positifs de la méditation, par exemple, et les effets néfastes de la fumée sont connus depuis longtemps.
En guise de conclusion, je dirais que ce retour aux “sources”, cet attrait renouvelé pour la médecine alternative, a quelque chose de profondément malsain. Bien entendu, il ne faut pas “jeter le bébé avec l’eau du bain”, comme diraient les anglophones. La médecine conventionnelle a encore beaucoup de choses à apprendre, y compris des médecines alternatives (l’écoute du patient, le conseil, etc.), mais il faut savoir reconnaître ses côtés positifs et, surtout, prendre ses responsabilités, accepter que notre santé de dépend pas uniquement de la médecine, mais aussi des choix de vie que nous faisons.
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